Publiée en 1834, dans un recueil intitulé Spectacles dans un fauteuil, la pièce de
Musset, On ne badine
pas avec l’amour[1],
paraît en plein période romantique.
L’auteur livre dans la même édition Lorenzaccio,
sans doute le meilleur drame romantique de la période ; il serait néanmoins
difficile de qualifier On ne badine pas
avec l’amour de drame dans la mesure où Musset choisit de l’inscrire dans
la filiation d’un genre qu’il connait depuis son enfance, le proverbe. Destinée
à la lecture, la pièce de Musset est devenue l’une des plus jouées du
répertoire français. Outre ses qualités dramatiques indéniables, la pièce rappelle
par sa tonalité poétique l’œuvre de Shakespeare et Musset, malgré son statut un
peu marginal dans le combat romantique pour l’avènement d’un théâtre libéré des
règles classiques, est celui qui, sur le fond, se rapproche sans doute le plus
du modèle shakespearien dont Hugo fait l’apologie aussi bien dans sa mythique
préface de Cromwell (1827) que dans
son William Shakespeare de 1865. L’œuvre
est associée, dans les nouveaux programmes à un parcours intitulé « les
jeux du cœur et de la parole ». Aussi avons-nous privilégié, dans cette
séquence, les extraits qui mettent en évidence cette double dimension d’une
parole qui joue avec les sentiments, et qui, tout en se jouant de l’autre, se constitue
en spectacle. Nos trois lectures linéaires destinées à l’oral du bac explorent
cette permanence du jeu dans l’exercice de la parole amoureuse qui détourne les
personnages de leurs véritables sentiments ; ces derniers n’accédant à la
vérité qu’au moment du dénouement qui, par son pathétique précipité, les
condamne à la séparation et au silence. Nous avons en outre choisi d’interroger
le genre de la pièce en analysant le premier acte et mis l’accent sur le
personnage de Rosette, victime sacrificielle de la pièce qui lui donne sa
coloration tragique, nous finissons avec une proposition de dissertation tirée
d’une réflexion de Musset, lequel interrogeait dans un article de 1838 la
nature du tragique moderne.
Séance 1 : Situation de la pièce
[1] On ne badine pas avec l’amour d’Alfred de Musset, édition de Florian Pennanech, « Classique et Cie », Hatier, 2024.

Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire