Cette résurrection du Christ fait partie du gigantesque ensemble réalisé par Le Tintoret à la Scuoala di San Rocco. Thierry Maugenest dans un petit roman à suspens bien documenté et bien ficelé - Venise.net (1) - raconte comment Jacopo Robusti enleva le marché à ses concurrents (dont Véronèse). Alors que tous les peintres sollicités avaient apportés des esquisses, le Tintoret effectua en quelques jours une toile qui émerveilla les commanditaires et lui fit remporter le marché.
L'anecdote signale la volonté de conquête du célèbre peintre. A-t-il réellement été l'élève du Titien? Une chose est certaine, très vite sa réputation surpasse celle de son illustre aîné. Mais Le Tintoret semble aussi marquer une étape dans l'histoire de l'art, un pas de plus en direction de cette humanisation (laïcisation?) du sacré qui marque l'histoire de l'art au XVIe siècle.
Le christ surgit ici du tombeau en un mouvement extrêmement volontaire, les anges sont comme débordés par cette puissance. La composition par ailleurs s'avère extrêmement intéressante : le mouvement du Christ qui va vers la gauche, comme s'il entrait donc dans le tableau est un mouvement de retour à la terre. Ressusciter n'est donc pas partir.
Le triangle semble servir de principe récurrent à la composition de l'ensemble : le haut du tableau, le côté doit et une diagonale forment un premier triangle : la sphère d'action du christ qui bouscule les anges. Un deuxième triangle se construit donc en symétrie inverse et représente la sphère d'action des hommes, ce triangle est lui même sécable en deux : triangle inférieur, les gardes dorment, dans la pénombre, indifférents à la résurrection; triangle supérieur, les femmes penchées comme éblouies par la lumière du levant, écho de la résurrection. Deux manière de réagir à cet acte fondateur : se laisser éblouir ou l'ignorer.
Noter l'importance de la terre sur la diagonale, comme une cloison qui semble inviter à ne pas mélanger les plans céleste et terrestre, à lire cette résurrection comme un symbole, un symbole fort au sens daumalien du terme - le symbole EST ce qu'il représente. Une très belle œuvre, quoiqu'il en soit où l'on retrouve tout ce qui fait la modernité du Tintoret, la ferme délicatesse du trait à la Michel Ange, le goût pour les jeux de lumières fastueux, le mouvement imprimé aux corps qui bien évidemment dit ici la vie retrouvée.
L'anecdote signale la volonté de conquête du célèbre peintre. A-t-il réellement été l'élève du Titien? Une chose est certaine, très vite sa réputation surpasse celle de son illustre aîné. Mais Le Tintoret semble aussi marquer une étape dans l'histoire de l'art, un pas de plus en direction de cette humanisation (laïcisation?) du sacré qui marque l'histoire de l'art au XVIe siècle.
Le christ surgit ici du tombeau en un mouvement extrêmement volontaire, les anges sont comme débordés par cette puissance. La composition par ailleurs s'avère extrêmement intéressante : le mouvement du Christ qui va vers la gauche, comme s'il entrait donc dans le tableau est un mouvement de retour à la terre. Ressusciter n'est donc pas partir.
Le triangle semble servir de principe récurrent à la composition de l'ensemble : le haut du tableau, le côté doit et une diagonale forment un premier triangle : la sphère d'action du christ qui bouscule les anges. Un deuxième triangle se construit donc en symétrie inverse et représente la sphère d'action des hommes, ce triangle est lui même sécable en deux : triangle inférieur, les gardes dorment, dans la pénombre, indifférents à la résurrection; triangle supérieur, les femmes penchées comme éblouies par la lumière du levant, écho de la résurrection. Deux manière de réagir à cet acte fondateur : se laisser éblouir ou l'ignorer.
Noter l'importance de la terre sur la diagonale, comme une cloison qui semble inviter à ne pas mélanger les plans céleste et terrestre, à lire cette résurrection comme un symbole, un symbole fort au sens daumalien du terme - le symbole EST ce qu'il représente. Une très belle œuvre, quoiqu'il en soit où l'on retrouve tout ce qui fait la modernité du Tintoret, la ferme délicatesse du trait à la Michel Ange, le goût pour les jeux de lumières fastueux, le mouvement imprimé aux corps qui bien évidemment dit ici la vie retrouvée.
(1) Thierry Maugenest, Venise.net, Liana Levi, 2003. L'auteur juxtapose deux intrigues qui finiront par se rejoindre : l'une qui met en scène le Tintoret et l'autre qui traite d'une enquête sur une série de meurtres par un inspecteur vénitien.