Révision

La plupart des articles (traductions exceptées) ont été révisés au cours de l'automne 2014, d'où certains anachronismes au regard de la date de publication.
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vendredi 28 juillet 2023

Le Tour du monde en quatre-vingts jours

« Un jour, dira Jules Verne à des journalistes, j’ai pris un exemplaire du journal Le Siècle et j’y ai vu des calculs démontrant que le voyage autour du monde pouvait se faire en quatre-vingts jours. » On imagine aisément quelle tempête sous un crâne put déclencher cette lecture. Faire le tour du monde en quatre-vingt jours devenait possible ! Pour l’écrivain qui aimait voyager et avait fait bourlinguer tant de personnages à travers le monde entier, s’offrait là, l’occasion d’une expérience nouvelle, inédite. Ses personnages auraient à jongler non seulement avec les obstacles  géographiques mais aussi avec les impératifs temporels.

Effectuer le tour du monde en quatre-vingts jours en 1871 était de fait une performance qui pouvait manifester le triomphe de la technique sur la nature et  les éléments.  Les chemins de fers, les lignes de paquebots qui traversent les océans permettent théoriquement d’accomplir cette prouesse, Jules Verne va en faire la démonstration romanesque. Mais faire le tour du monde en quatre-vingts jours c’est aussi, d’une certaine manière, dire adieu à l’aventure. Dans ses romans antérieurs Jules Verne a envoyé ses personnages dans les zones blanches du globe terrestre, qu’ils aient cherché à gagner le centre de la terre, ou à suivre le parallèle de latitude 37°11’ ! Le monde semblait inépuisable, le voilà désormais circonscrit.

L’homme qui accomplira un tel exploit se doit d’ailleurs d’être exceptionnel, il lui faut faire preuve d’une exactitude métronomique, quel meilleur sujet qu’un de ces britanniques  méthodiques, routiniers et subitement excentriques que Jules Verne a pu observer au cours de ses voyages en Angleterre ? Phileas Fogg en sera la parfaite illustration : membre d’un club distingué, énigmatique et laconique, sa vie est réglée comme une horloge. Pour son nouveau serviteur, le français Jean Passepartout, Phileas Fogg est l’un de ces « anglais à sang froid », un « être bien équilibré dans toutes ses parties, justement pondéré, aussi parfait qu’un chronomètre. » Le serviteur inaugure, dans ce chapitre 2, la série des comparaisons et métaphores qui donnent à voir le héros du roman comme une machine.

(extrait de la préface)


Séquence disponible sur : https://www.ecoledeslettres.fr/fiches-pdf/le-tour-du-monde-en-quatre-vingts-jours-de-jules-verne-du-roman-daventures-au-roman-de-formation/


dimanche 3 février 2019

Nouveau look pour Gilgamesh

Le récit de Gilgamesh, publié initialement à l'école des loisirs en 2010 est une réécriture de l'épopée antique dans sa version ninivite.

Le livre présente donc le contenu des douze tablettes, retrouvées dans le palais d'Assurbanipal, l'épisode d'Ishtar aux enfers et un dossier qui évoque
- La Mésopotamie antique
- Une chronologie des cités
- La fig
ure de Gilgamesh
- La formation de la légende
- La redécouverte de la version ninivite
- La construction de l'épopée
- La douzième tablette
- La légende d'Ishtar aux enfers

Séquence dans l'école des lettres n° 2-3 de 2010-2011.

Une critique dans la Revue des livres pour enfants
Inanna (Ishtar),
British Museum

Remarquable édition abrégée à l’intention des jeunes mais aussi pourra-t-elle être une bonne première lecture pour tous ceux qui hésiteraient à se lancer dans un texte lacunaire, difficile. Ici, le texte a été habilement réécrit pour que la lecture soit aisée sans retirer l’esprit du texte. Il est suivi d’une tablette tardive qui narre la descente d’Enkidu aux enfers et « la descente d’Ishtar aux enfers » qui ont le mérite de nous donner une idée des conceptions des anciens Mésopotamiens de l’ « après vie ». On trouvera en outre, en fin de volume un index très utile car les noms des dieux mésopotamiens ne nous sont point familiers, une bibliographie aussi brève qu’intéressante et , surtout, une présentation claire et rapide de la Mésopotamie. On ne peut que recommander sa lecture à tous – on peut lire à haute voix ce beau texte : il sonne bien. L’émotion nous saisit au récit de ces aventures, de la douleur indicible de Gilgamesh quand Enkidou meurt, de sa peur de mourir et de cette quête désespérée qui se termine dans une sorte de paix. Chef d’œuvre qui n’a pas pris une ride depuis plus de quatre mille ans ! E.C. Revue des livres pour enfants, sept. 2010.

samedi 28 mai 2016

"Agatha Christie, le chapitre disparu"

Un fait divers intrigant 

Avec Agatha Christie, le chapitre disparue, Brigitte Kernel s’empare de l’un des épisodes les plus controversés de la vie d’Agatha Christie – la disparition de la romancière déjà célèbre au début de l’hiver 1926 ‑ et donne partiellement raison à François Rivière(1) qui verra dans cette péripétie l’acte de vengeance d’une  femme bafouée à l’encontre de son mari le major Christie. Rappelons les fait : en décembre 1926, le cabriolet d’Agatha Christie qui a fait une sortie de route est retrouvé en pleine campagne non loin de Guilford,
à quelques dizaines de mètres du lac de Silent Pool. Son manteau – on est en plein hiver ‑ est retrouvé à l’arrière de la voiture. Quant à la propriétaire du véhicule, elle s’est comme évanouie dans la nature.

Toute l’Angleterre en émoi 


Toute l’Angleterre se passionne bientôt pour cette disparition qui concorde si bien avec l’univers de la romancière. Si Madame Christie vient d’accéder à la renommée avec Le Meurtre de Roger Ackroyd, sa vie personnelle et sentimentale vire au cauchemar. 1926 constituera toujours pour la créatrice d’Hercule Poirot une sorte d’anus horribilis : elle a perdu sa mère dans le courant du mois de mars et à la fin de l’été, son mari Archibald lui annonce son intention de divorcer pour se remarier avec sa secrétaire, Nancy Neele.

http://www.ecoledeslettres.fr/actualites/litteratures/roman-contemporain-litteratures/agatha-christie-chapitre-disparu-de-brigitte-kernel/

Elaborer une progression en terminale L

L'existence d'un programme national, la réduction des horaires à deux heures et des programmes à deux domaines d'étude, la nécessaire préparation des épreuves du bac occultent souvent la possibilité de construire l'enseignement de littérature selon une progression réfléchie et cohérente qui tiennent compte des spécificités de l’année de terminale. La réforme appliquée en 2012, tout en diminuant le nombre et la nature des domaines d’étude a maintenu un coefficient 4 à la discipline – le coefficient est le même que celui attribué à l’histoire géographie –  lui conférant une importance qui bien souvent justifie la tentation du bachotage. La plupart du temps les deux œuvres au programme sont abordées successivement par le professeur qui grosso modo passe un peu plus de quatre mois sur la première et consacre autant de temps à la seconde. Rappelons que les IO invitent à « diversifier les situations d'expression écrite et orale, sans se limiter à celles qui permettront d'évaluer les élèves à l'examen de fin d'année » et qu’elles incitent le professeur à introduire dans son enseignement des méthodes et des contenus utiles aux formations post-bac.
Nous proposons ici un exemple de progression annuelle qui vise à briser la routine des deux séquences centrées chacune sur une œuvre et à diversifier les approches pour l'année à venir, nous expliciterons ensuite brièvement les raisons de nos choix.

Séquence 1 : Introduction aux études littéraires (3 à 4 h.)
Objectifs : définir le texte littéraire, situer les approches critiques qui peuvent en être réalisées.
Séquence 2 : Lire Madame Bovary
(14 à 15 h.)
Objectifs : connaître la genèse de Madame Bovary, lire le roman et en apprécier les enjeux littéraires, s'initier aux épreuves du baccalauréat.
Séquence 3 : Situer les œuvres au programme dans leurs contextes littéraires. (7 à 8 h.)
Objectifs: réaliser un exposé oral sur les auteurs et notions esthétiques, école artistiques et/ou littéraires susceptibles d'éclairer le projet et la dimension esthétiques des œuvres. Prendre des notes.
Séquence 4 : Lire Oedipe Roi
(9 à 10h.)
Objectifs : lire la pièce de Sophocle, comprendre ses enjeux esthétiques et idéologiques en fonction du contexte de sa production. S'entraîner à l'écrit du bac.
Séquence 5 : La réception d'une œuvre dérangeante. (7 à 8 h.)
Objectifs : appréhender la dimension scandaleuse de l’œuvre de Flaubert, reconstituer le procès intenté par le ministère public. S'initier à la synthèse de texte.
Séquence 6 : De la tragédie au film à
(12 à 13 h.)
Objectifs : s'initier au langage cinématographique, analyser la lecture que fait Pasolini de la tragédie antique. Interroger les choix mis en œuvre dans le processus d'adaptation.
Séquence 7 : Les objets d'études et leur intérêt sur le plan littéraire. (5 à 6h)
Objectifs : élargir la réflexion suscitée par les domaines d’études en s’appuyant sur d’autres exemples relevant des champs littéraire ou cinématographique patrimoniaux.



Les Brontë à Bruxelles

Le 21 avril 2016, on célébrera le bicentenaire de la naissance de Charlotte Brontë. La romancière est certes connue pour son célébrissime « Jane Eyre », mais aussi pour avoir été la sœur d’Emily, auteur d’un chef-d’œuvre absolu, «Les Hauts de Hurle-Vent ». La « Brontë Society », qui a son siège au Brontë Parsonage Museum d’Haworth (le presbytère de ce village du Yorkshire où les soeurs ont passé la majeure partie de leurs brèves existences), se prépare à célébrer l’événement en multipliant les initiatives : commémorations diverses, conférences et publications. Et les librairies anglaises placent sur leurs gondoles, au milieu des best-sellers, la dernière biographie de Charlotte due à la plume experte et plusieurs fois primée de Claire Harman.
Sur le continent, l’éditeur belge CFC-Éditions anticipe le bicentenaire en publiant une traduction d’une excellente étude d’Helen MacEwan, écrivain d’origine britannique et Bruxelloise d’adoption, Les Sœurs Brontë à Bruxelles. L’ouvrage revient sur les deux années passées par Charlotte à Bruxelles. En février 1842, cette dernière, accompagnée par sa cadette, la taciturne Emily, débarque dans la capitale belge pour y parfaire son français. Elle a l’intention d’ouvrir, dans les murs du presbytère de Haworth, une école pour jeunes filles, et est persuadée que l’enseignement du français pourrait y attirer les jeunes femmes de la bourgeoisie avoisinante.
L’ouvrage d’Helen MacEwan s’intéresse autant à la biographie des deux sœurs qu’à la ville de Bruxelles dans les années 1840. Une riche documentation iconographique illustre le propos et permet au lecteur de découvrir les lieux qui ont inspiré Villette, le dernier roman de Charlotte Brontë, considéré par beaucoup (dont Virginia Woolf) comme son chefd’œuvre. La ville de Villette est, en réalité, Bruxelles, et l’intrigue reprend sur le mode fantasmatique les errances sentimentales de l’auteur.

L'intégralité de l'article sur : 
http://www.ecoledeslettres.fr/actualites/arts/21670/

lundi 21 décembre 2015

"Les soeurs Brontë à 20 ans", Au Diable Vauvert

Après une année passée en compagnie de Charlotte, Emily et Anne, les éditions au diable Vauvert publient dans leurs collection "à 20 ans" mon portrait des trois soeurs, saisies dans ce moment crucial de l'existence où s'amorce un destin, se construit une personnalité.
La difficulté consistait ici à saisir non pas une individualité mais trois et à montrer comment ces trois filles de pasteurs destinées au célibat et à l'oubli ont réussi à transcender leur morne existence pour produire une des oeuvres les plus puissantes du XIXe siècle, et - en ce qui concerne Emily - l'un des chefs d'oeuvre de la littérature universelle.
Comme l'avait montré Téchiné dans son film, il m'a semblé que Branwell, le frère des trois futurs auteurs reconnus avait joué un rôle non négligeable dans leurs vocations. Je n'ai retenu aucune des idées romanesques qui ont alimentées bien des biographies et oeuvres littéraires, constatant qu'aucune d'entre elle ne reposait sur des bases sérieuses. Si Branwell joue un rôle considérable c'est parce qu'il concentre sur ses frêles épaules tous les espoirs de son père qui voit en lui un génie. Les trois filles qui n'ont pas à subir cette pression pourront, à l'abri des regards laisser, le moment venu, s'épanouir leurs talents respectifs.
La collection "à 20 ans", saisit un écrivain au moment où il s'apprête à entrer dans l'existence, mes trois soeurs y entrent un peu de la même manière, devenant gouvernante ou institutrice; pour aucune d'entre elle, ce métier (cette servitude selon Charlotte) ne constitue un bonheur. Elles travaillent parce qu'il le faut, parce que leur père peine à assurer la subsistance de cette famille nombreuse.
Ce fils de paysan irlandais probablement surdoué avait réussi, par la force de son travail et de son intelligence à conquérir Cambridge qui lui avait permis de devenir "curate" de l'église anglicane. Il a transmis son génie à ses filles et se maintiendra, coûte que coûte, à la tête de la tumultueuse paroisse de Haworth agitée à la fois par la révolution industrielle et les conflits religieux nés du XVIIIe siècle.
Trois soeurs, trois personnalité extrêmement dissemblables: Petite et myope, Charlotte est celle qui part à l'assaut du monde; grande, secrète et colérique, Emily sera la gardienne du foyer; timorée, mesurée et volontaire, Anne est la moins connue et son oeuvre moins emportée que celles de ses soeurs prolonge le réalisme psychologique de Jane Austen.
Ces trois parcours ont la grandeurs des destins tragiques, Branwell semble entraîner dans le sillon de sa déchéance ses trois soeurs qui auront à peine le temps de goûter leur succès. Le révérend Brontë, sorte de Saturne résigné, survivra à tous ses enfants et faisant appel à Elisabeth Gaskell (la première biographe de Charlotte), sera l'instigateur d'un mythe qui ne cesse de fasciner lecteurs des trois soeurs et visiteurs de Haworth.  

l'ouvrage en prévente sur "les libraires.fr"

ou sur Amazon

mercredi 2 décembre 2015

Article sur Frankenstein dans l'école des lettres


L'adaptation faite par Malika Ferdjoukh rend possible la lecture de ce roman qui reste malgré tout résistant par des élèves de collèges. La séquence proposée dans ce recueil est le fruit d'un travail de synthèse puisque l'article a été réduit au tiers de ses dimensions initiales. J'ai voulu y montrer comment un grand roman pouvait donner lieu à une grande adaptation cinématographique qui tout en le trahissant et le récréant s'avère finalement respectueuse. je ne sais pas si ce sera le cas de celle qui passe actuellement sur les écrans et dont la bande annonce laisse craindre le pire.

dimanche 29 novembre 2015

Les Contes d'Aulnoy

Les programmes de 6e signalaient jusqu'à présent, la possibilité de faire étudier les contes de madame d'Aulnoy et je me suis avisé - c'était en 2013  -qu'il n'existait aucune édition de poche des principaux contes de la baronne. L'école des loisirs a accepté le projet et l'ouvrage devait sortir en décembre 2014 mais la publication en a été retardée.
J'ai retravaillé un peu le texte, dans le sens d'une modernisation de l'orthographe et de la ponctuation pour le rendre accessible à des élèves de 6e, j'ai aussi pondéré la surcharge de superlatifs et d'hyperboles qui témoignent de l'origine orale des contes. Non que la baronne ait été une collectrice - comme le seront plus tard les frères Grimm - mais la tendance à l'excès montre simplement que la conteuse a cherché à frapper l'imagination de ses interlocuteurs, le public des courtisans qui fréquentait alors les salons en vogue.
L'ouvrage contient un dossier qui montre comment la mode du conte de fées s'est imposée en France à la fin du règne de Louis XIV et rapporte la vie aventureuse de Madame d'Aulnoy, l'une des plumes les plus alertes de cette époque charnière.
La directrice de la collection, Marie-Hèlène Sabbard a fait un remarquable travail de recherche pour livrer des illustrations variées et surprenantes qui rehaussent, si besoin en était, la qualité du texte.

Malgré les changements de programme, l'ouvrage reste d'actualité, il permettra d'aborder le thème de la métamorphose en sixième et bien évidemment le conte en cinquième.


Une recension sur un blog éclectique

mardi 14 avril 2015

Une séquence sur Peter Pan destinée aux classes de troisième

Peter Pan est sans doute plus connu que son créateur, James Barrie, dont les contemporains, durant la période édouardienne, plébiscitèrent l’œuvre dramatique.
Son travail de romancier (Margaret Ogilvy,AdieuMiss Julie Logan), beaucoup plus confidentiel, mérite néanmoins d’être redécouvert pour sa fantaisie déroutante et parce qu’il fait preuve d’une étonnante modernité. Peter Pan (Peter and Wendy), adapté de la pièce de théâtre à succès, annonce pourtant certaines grandes tendances idéologiques de notre époque en exaltant la jeunesse aux dépens d’une maturité rendue synonyme d’avidité bourgeoise.
Par le recours à un merveilleux inquiétant, le récit de Barrie apparaît aussi comme un ouvrage précurseur de l’heroic fantasy qui, de Tolkien à Rowling, ne cessera de séduire de nouveaux publics. Mais Peter Pan est également une aventure de l’écriture. Adapté du théâtre, le roman illustre le concept de « roman-jeu » évoqué par Milan Kundera dans son Art du roman (Gallimard, 1986). C’est ce dernier aspect auquel nous nous attacherons, entre autres, dans une séquence destinée à des classes de troisième.
L’œuvre de Barrie est à la fois un récit d’enfance et une grande œuvre littéraire du XXe siècle. Elle permettra non seulement d’analyser le concept de « roman-jeu » mais aussi d’exercer les élèves à l’exercice de la transposition dramatique, préconisé en troisième. On pourra placer son étude dans le courant du premier trimestre ; il est souhaitable d’avoir abordé au préalable le théâtre tragique, ce qui fournira les pré-requis nécessaires aux exercices d’écriture dramatique et certaines notions utiles à la compréhension des enjeux de l’intrigue.
Illustration de C. Buchet, l'une des premières (1904)
Organisation de la séquence
Séance 1. – Situer l’œuvre dans la tradition du merveilleux anglais et dans la biographie de l’auteur. Analyse de documents, lectures documentaires et recherches au CDI.
Séance 2. – Prendre conscience des exigences de mise en scène qu’impose un texte théâtral. Lecture analytique de l’ouverture de la pièce et réflexion sur la mise en scène de l’extrait.
Séance 3. – Comprendre en quoi les langages romanesque et dramatique exigent des écritures différentes. Lecture du chapitre d’ouverture et retour sur la scène de théâtre précédemment étudiée pour comparer les modalités de transmission de l’information.
Séance 4. – Transposer une scène de roman sous forme dramatique. Entraînement à l’expression écrite à partir d’un extrait du roman.
Séance 5. – Revenir sur la notion de merveilleux et caractériser l’imaginaire de Barrie avec le Pays-hors-du-temps. Application du concept de merveilleux à la première partie du roman.
Évaluation de lecture. QCM évaluant la lecture des chapitres III à IX.
Séance 6. – Comprendre en quoi l’esthétique de Barrie relève de ce que Kundera appelle le « roman-jeu ». Lecture analytique de la fin du chapitre VII.
Séance 7. – Reconnaître et conjuguer le conditionnel, identifier ses valeurs. Morphologie des conditionnels présent et passé, analyse des valeurs du présent à partir d’une fiche d’exercices.
Évaluation de lecture. Résumé à trous pour vérifier la lecture des chapitres XI à XIII.
Séance 8. – Réinvestir les notions de merveilleux et de « roman-jeu » abordées au cours de la séquence. » Lecture analytique de la fin du chapitre XIII.
Évaluation de lecture. QCM évaluant la lecture des chapitres XIV et XV.
Séance 9. – Évaluations. Sujet de type brevet élaboré à partir de la scène des adieux entre Peter et Wendy (pp. 216-219).

Je tiens la séquence à disposition des collègues qui voudraient l'exploiter : utiliser l'adresse liée au blog.

samedi 6 décembre 2014

"Moby Dick" d'Herman Melville

Article publié dans le n°1 de L'Ecole des lettres 2013-2014
La séquence explicite davantage que d'autres la démarche pédagogique à suivre.

Moby Dick, l’un «des plus grands romans jamais écrits 1 », si l’on en croit Dominique Fernandez, a tous les travers susceptibles de rebuter le jeune lecteur: dans sa version intégrale, le roman dépasse les sept cents pages et multiplie digressions, passages didactiques et considérations métaphysiques autour d’un fil narratif assez mince puisqu’il ne s’agit, après tout, que d’une chasse à la baleine, d’une vengeance qui prend, certes, des proportions cosmiques, mais qui peut décourager le lecteur en mal d’aventures. 
La séquence qui suit porte sur une version abrégée de Moby Dick et n’a d’autre ambition que de conduire les élèves à goûter cette œuvre qui compte parmi celles contre lesquelles il faut parfois se battre un peu pour se hisser à leur niveau. Son étude conviendra aux classes de quatrième puisque le programme les invite à étudier le XIXe siècle. 
Il est recommandé d’aborder l’œuvre de Melville à la fin du troisième trimestre, elle permettra ainsi de revenir sur des concepts explorés de façon progressive au cours de l’année: en effet, le récit réaliste, le fantastique, la poésie lyrique sont autant de notions qui trouvent un écho dans l’œuvre de Melville. Ce moment de l’année nous autorise également à initier les élèves à la production de textes argumentatifs afin de les préparer aux épreuves du brevet qui proposent désormais un sujet de cette nature. 
Notre suggérons une approche thématique du roman qui consiste, au cours de chaque séance, à mettre en relief l’un de ses aspects: roman d’aventures, roman philosophique, roman poétique... Moby Dick est tout cela et bien plus encore.

On trouvera le détail de la séquence sur :
https://classiques.ecoledesloisirs.fr/9782211124508

La conclusion  qui n'a pu être publiée - faute de place

Le contrat est-il rempli ? Avons-nous démontré la littérarité de Moby Dick ? Avant de conclure par la négative, rappelons la complexité d’une telle entreprise. Il est moins facile de démontrer l’aspect littéraire d’une œuvre que l’existence d’un angle droit dans un triangle ! La littérarité pour reprendre un barbarisme communément utilisé dans les années 70, ne se laisse pas aisément définir. Elle est le fruit de la coutume : sont littéraires les œuvres patrimoniales, Moby Dick en fait certes partie. Mais nous ne contenterons guère nos élèves avec de tels raisonnement qui consistent à dire « C’est comme ça parce que c’est comme ça ! » En se tournant vers la conjonction du sens et de la forme : on peut admettre qu’une œuvre littéraire est une œuvre dense, riche et profonde. La version abrégée a astucieusement conservé la persistance des grands symboles – nous ne l’avons pas abordé, faute de temps, mais que penser d’un équipage aussi composite dont les harponneurs sont d’origines occidentale, océanienne, africaine, asiatique ? que penser des nombreux épisodes de morts et renaissance auxquels nous fait assister la narration ? Nous aurons au moins démontré la coexistence de nombreux registres (poétique, didactique, fantastique) et la dimension prométhéenne du capitaine Achab. Moby Dick apparaît donc bien comme une somme, somme de savoirs, de mythes et de symboles. Et voilà qu’apparait un nouveau critère de littérarité : la polysémie. Comment lire cette histoire, s’agit-il d’un « blasphème » comme le pense John Huston qui adapta le roman au cinéma – cf bibliographie ? S’agit-il d’une variation sur le mythe de Prométhée ? D’une interrogation sur la relation nouvelle que l’homme doit instaurer aux dieux, voire d’une remise en question radicale de leur existence ? Il faut avouer que la lecture et l’étude de cette œuvre nous laissent bien peu de certitudes. Moby Dick est à l’image du monde : le roman pose plus de questions qu’il n’en résout. Voilà bien ce qui fait sa modernité ‑ autre critère de littérarité depuis les romantiques qui ont substitué au principe de l’imitation classique, celui de l’invention.
Nous admettrons donc n’avoir que partiellement rempli notre mission – à ceux qui douteraient du bien fondé des questions que nous posons en conclusion à une classe de quatrième, nous conseillons tout simplement de tenter l’expérience. Pour le reste, nous n’avons certes pas fait lire l’œuvre intégrale ‑ mais à l’impossible nul n’est tenu ‑ , nous avons privilégié certains extraits, ou certains angles d’attaque restreints. Nous croyons malgré tout que nous aurons fait partager ce «  surcroît de plaisir esthétique » dont parle Freud dans Le créateur littéraire et la fantaisie (in L’inquiétante étrangeté, Folio). Et nous estimerons avoir remporté la partie si, dans quelques années, l’un (voire, pourquoi pas, quelques uns) des trente élèves que nous avons face à nous dans une classe se plonge dans la version intégrale de l’œuvre, persuadé qu’il sera de n’y pas perdre son temps.

mercredi 12 novembre 2014

"Le Passeur" et "Le Fils" de Lois Lowry

Si Le Passeur est devenu un classique de la littérature pour la jeunesse aux États-Unis, c’est sans doute parce qu’il autorise, avec de jeunes lecteurs, une réflexion sur la condition humaine. En effet, la société qui y est décrite est une variation sur Le Meilleur des mondes, d’Aldous Huxley. 
Mais, dans la « communauté » imaginée par Lois Lowry, le degré de coercition est tel que nul ne songe à s’évader, sans doute parce qu’on a su y instaurer, sur le principe du bouc émissaire, un détenteur de la condition humaine, qui en prend sur lui le fardeau, quand les autres membres de la société choisissent de vivre dans l’illusion d’un monde parfait. Ce bouc émissaire, c’est le « dépositaire de la Mémoire », le « passeur » qui donne son titre au roman.

n°2, 2014-2015 : http://www.ecoledeslettres.fr/index.php



samedi 4 janvier 2014

"Peter Pan" de James Barrie

C'est le livre de Kathleen Kelley Lainé qui a véritablement fait connaître le destin singulier de James Barrie en France. Les ouvrages d'Allison Lurie et François Rivière parus précédemment étaient restés assez confidentiels. Kathleen Kelley-Laîné, avec les méthodes d'investigation de la psychanalyse reconstituait le drame de l'enfant Barrie tout en faisant un parallèle avec les événements de sa propre existence. Il s'agissait d'un très beau livre, intelligent et mélancolique qui m'a introduit à l'univers de James Barrie.
Traduire Peter Pan a été pour moi un vrai bonheur, je ne suis pas angliciste de formation, la langue de Barrie est pleine d'énigmes et de chausses-trappes. Il m'a fallu plus d'un an pour mener ce travail a bien. Une relecture un peu précipitée y a laissé deux énormes coquilles que j'espère voir corrigées un jour. La traduction  doit beaucoup à M.-H. Sabbard - vraie traductrice, elle! - qui a repris les maladresses de mes réflexes scolaires.

Deux projets de quatrièmes de couvertures : 

numéro 1
« Je suis la jeunesse, je suis la joie ! […] Je suis le petit oiseau qui sort de son œuf ! » Tel se définit Peter Pan alors même qu’il livre combat au terrible capitaine Crochet. Peter Pan c’est l’éternelle jeunesse qui résolument a choisi de se détourner du monde des adultes. A Neverland, le pays hors du temps, sa vie est un perpétuel tourbillon d’aventures où se croisent les sirènes et les fées, où de courageux Indiens affrontent de sanguinaires pirates. Peter est l’âme de ce royaume où s’amalgament les trésors de l’imaginaire enfantin. Et lorsqu’il débarque dans la vie de Wendy et de ses frères, c’est pour les emmener dans le plus fabuleux des voyages dont chacun d’eux gardera, pour toujours, la trace nostalgique  au fond de son cœur.
Mais tout le monde n’est pas Peter Pan et Wendy, malgré toute l’affection, qu’elle a pour le héros, choisit de grandir. Si Peter Pan a fini par éclipser Wendy il convient de rappeler que le titre original de cette œuvre était Peter and Wendy et que, ce faisant, James Barrie mettait l’accent sur le rôle essentiel de la petite fille qui, fidèle à ses rêves d’enfance, aborde les rives de l’âge adulte en ayant su préserver l’essentiel : le souvenir de ce qu’est un enfant.

numéro 2
Lorsque, à l’approche de Noël 1904, saisi des plus grand doute, James M. Barrie met en scène les aventures de son Peter Pan sur les scènes d’un théâtre londonien, il est loin d’imaginer l’enthousiasme que son œuvre va susciter. Le succès est total. Le public participe, attendant impatiemment cette chance que l’auteur lui donne de ressusciter ou non la Fée Clochette. A la mort de l’auteur, en 1937, on donne encore Peter Pan, non seulement à Londres mais sur les scènes du monde entier. Comme s’il avait absolument voulu faire perdurer Peter Pan et son univers enchanté dans l’imaginaire des enfants, Barrie publie en 1911 une version romancée de la pièce, Peter and Wendy. C’est cette version dont nous publions aujourd’hui une traduction nouvelle. Comme bien des figures mythique la créature a échappé à son créateur. Peter Pan, l’éternelle jeunesse qui se rit du monde des adultes a donné naissance à quantité de films et de variations en tous genres et sa silhouette virevoltante continue de séduire grands et petits. Cette traduction conçue au plus près du texte original nous offre une occasion de le redécouvrir.

Article dans le Trégor

http://www.letregor.fr/2013/12/26/stephane-labbe-a-traduit-peter-pan/

samedi 14 septembre 2013

"3000 façons de dire je t'aime" de Marie-Aude Murail

Article publié dans le n° 1 de l'Ecole des lettres 2013-2014. 

Trois mille façons de dire je t’aime, le dernier livre de Marie-Aude Murail, peut offrir une excellente approche du monde du théâtre. En évoquant la passion de trois adolescents pour la scène, il montre à quel point le théâtre peut toucher nos vies et les transformer. 
C’est, en effet, une véritable catharsis qu’il opère sur les trois jeunes protagonistes, en leur permettant de se trouver et d’exister au sein d’une société plus oppressive qu’émancipatrice et qui n’offre guère de sens à l’existence. 
Ce joli roman de formation devrait captiver les adolescents et leur ouvrir d’intéressantes perspectives, car c’est par le biais des oeuvres qu’ils sont amenés à lire et à interpréter que les trois héros découvrent et acceptent les richesses de leur personnalité. 
La littérature, le théâtre, la poésie – considérés non comme un pensum scolaire, mais comme objets de dialogue – peuvent influencer la vie. Dans Avoir ou être (Robert Laffont, 1978), le psychanalyste américain Erich Fromm écrivait que la véritable lecture est un dialogue entre l’auteur et le lecteur.

1/ Exposition : ouverture du roman
2/ "Lancez-vous, mademoiselle, après tout, il ne s'agit que de mourir!"
3/ Tu préfères toujours le drame alors!
4/ Sujet de brevet.

vendredi 8 février 2013

L'Île au trésor

Première édition abrégée de l'Île au trésor, ce roman est sans conteste un chef d'oeuvre du roman d'aventures. Et Stevenson, dans ses essais sur l'art de la fiction, a donné quelques unes des clés qui expliquent le pouvoir évocateur de son écriture. Pourquoi garde-t-on en mémoire, cette auberge perdue dans un paysage de falaise et d'embruns,  ces rivages battus par les vents de l'île au trésor, ces personnages qui, loin d'être de simples marionnettes au service d'une course au trésor sont aussi vivants que des gens qu'on aurait côtoyés.
Réponses dans lesdits "essais" (1).

L'édition abrégée s'est imposée pour des raisons purement pragmatiques : je ne connaissais pas de collègues qui fassent étudier ce roman, pourtant au programme de cinquième. On lui préfère généralement le Vendredi de M. Tournier, plus court, plus simple. J'espère n'avoir pas nui à ce chef d'oeuvre en accélérant un peu le rythme - notamment celui des "aventures en mer" de Jim...

Le premier projet de quatrième de couverture

Une auberge isolée, une crique battue par les vents, y survient un vieux marin avec pour seul bagage un coffre mystérieux. Ses récits empourprés du sang versé par les pirates vont épouvanter  les habitués du lieu. Et ce n’est pas la paranoïa du vieux loup de mer qui rassure le jeune narrateur,  Jim Hawkins : ne lui donne-t-il pas en effet quelques sous pour « veiller au grain », quand lui-même passe ses  journées à scruter  l’horizon du haut- des falaises toutes proches. Ainsi commence donc le plus célèbre des romans d’aventures : ce n’est pas le héros qui part à l’aventure, c’est l’aventure qui vient à lui. Et lorsque le terrible capitaine meurt dans de terribles circonstances, Jin trouve dans son coffre une carte qui l’entrainera à travers les océans à la recherche du plus fabuleux des trésors.
Pirates, mutineries, affrontements sanglants, trahisons et coups de théâtre : il y a dans L’île au Trésor tous les ingrédients du roman d’aventures moderne[ et bien plus encore. Jim ne-nous prévient-il pas dès le début, au sujet de l’île : « il s’y trouve toujours un trésor ».  N’est ce pas aussi une façon de nous dire qu’elle est au fond de chacun d’entre nous cette île secrète, chargée des rêves et trésors de l’enfance ?

La traduction de Théo Varlet

Deux mots sur le traducteur dont j'ai révisé - avec la directrice de collection - le travail:

(1) publiés chez Payot

samedi 22 décembre 2012

"Mélusine", "Sortilèges" de Gilson et Clarke

Article consacré au premier volume de la série "Mélusine" , publié dans le n° 3 de l'Ecole des lettres, 2012-2013.

1/ Analyse de la première planche
2/ Le gaga comme unité narrative
3/ Mélusine entre tradition et transgression
4/ Mélusine et les fantôme, un gag transgressif, p. 40
Proposition de séquence pour la classe de sixième

La série Mélusine, dont les premières aventures ont été publiées chez Dupuis en 1995, peut constituer un excellent ingrédient dans l’élaboration d’une progression pour la classe de français en sixième. 
Son premier volume, intitulé Sortilèges, figure sur la liste de référence des oeuvres de littérature de jeunesse pour le cycle 3 et vient d’être réédité dans la collection « Mille bulles » de l’école des loisirs, ce qui en fait un support aussi abordable qu’intéressant. L’étude qui suit se propose d’offrir au professeur quelques pistes de réflexion dans la conception de son cours. On pourra s’en inspirer pour construire une séquence qui donnera aux élèves la possibilité d’assimiler le lexique de l’image (utile, par la suite, dans le cadre de l’histoire des arts), d’aborder la pratique du résumé et d’explorer quelques outils grammaticaux au programme.

lundi 5 mars 2012

"Autumn leaves" de Millais


Article publié dans le n° 5 de l'Ecole des lettres, 2011-2012

Le tableau de John Everett Millais intitulé Feuilles d’automne (Autumn Leaves) appartient à un « triptyque » dans lequel le peintre affirme une doctrine de l’art pour l’art qui l’éloigne du préraphaélisme dont il a pourtant été l’un des piliers et membres fondateurs.

En effet, avec Dante Gabriel Rossetti et William Holman Hunt, il a vu dans l’oeuvre de Raphaël une « corruption » de l’art et fondé, en 1848, la confrérie des préraphaélites, dont la volonté affichée était de revenir aux principes de l’art primitif italien.

Elle suivait en cela les conseils du poète et critique d’art John Ruskin qui, dans les Peintres modernes, fustigeait l’académisme de la peinture anglaise de l’époque. Et, si les préraphaélites représentaient volontiers le Moyen Âge ou des scènes tirées de la littérature contemporaine, ils manifestaient toujours des préoccupations d’ordre moral et social.
Avec La Jeune Fille aveugle (1856), Feuilles d’automne (1856) et Printemps (1859), les trois volets de ce triptyque, Millais, désormais membre de la Royal Academy, manifeste sa liberté retrouvée. Dans La Jeune Fille aveugle, qui s’appuie pourtant sur un thème à vocation sociale (l’errance des enfants sans famille), le peintre évite tout misérabilisme et met en image une communion heureuse de l’homme avec la nature. Quant à Feuilles d’automne, tableau « sans sujet », selon la propre femme de l’artiste, il constitue l’une des oeuvres les plus mystérieuses du peintre.
Millais a cherché à restituer, à travers une scène de genre, la mélancolie inhérente à la conscience du temps qui passe. D’après Malcolm Warner *, il se serait inspiré des jardins de sa propriété de Perth, en Écosse ; les critiques évoquent généralement aussi l’influence de ces vers d’Alfred Tennyson, pour qui le peintre éprouvait une vive admiration :

Tears, idle tears, I know not what they mean, 
Tears from the depth of some divine despair 
Rise in the heart, and gather to the eyes, 
In looking on the happy autumn-fields, 
And thinking of the days that are no more. 
(The Princess, 1847).

Larmes, vaines larmes, je ne sais ce qu’elles signifient,
Les larmes issues des tréfonds d’un divin désespoir
S’élèvent du coeur et montent aux yeux,
Lorsque contemplant le bonheur des champs d’automne
Je pense aux jours qui ne sont plus.

1. Composition du tableau
2. Interprétation

vendredi 25 novembre 2011

Théophile Gautier

Deux articles sur l'ami Théophile qui m'ont réconcilié avec cet esthète, "poète impeccable", ciseleur incomparable de phrases.


Séquence n° 1 : Groupement de texte, Théophile Gautier et le roman historique. La séquence comporte une analyse d'une Gravure de Fernand Siméon.

Étape 1 : Ouverture du Capitaine Fracasse. Revoir les caractéristiques et la finalité d’un texte descriptif, faire saisir notamment la portée symbolique d’une description. Première approche du
concept de roman historique.

Étape 2 : Portrait de Lord Evandale in le Roman de la Momie. S’entrainer à la rédaction d’un texte descriptif, utiliser un vocabulaire précis.
Étape 3 : Extrait du Roman de la momie . Définir de façon plus précise le roman historique par sa dimension éminemment romanesque et son rapport à l’histoire.
Étape 4 : Extrait de Mademoiselle de Maupin. Analyser un topos littéraire fréquent dans le roman historique : le duel à l’épée, en comparant la scène à un extrait du Capitaine Fracasse. Relever les marques de l’ironie.
Étape 5 : Gravure de Fernand Siméon. Dans le cadre de l’histoire des arts, analyser une gravure et les effets de sens qu’elle met en avant.
Étape 6 : Entrainement à l’expression écrite. Rédaction d’un dialogue tenant compte des éléments de la scène représentée par la gravure précédemment analysée.
Étape 7 : Travaux réalisés au cours de la séquence et documentation d’un CDI  Synthétiser les notions littéraires aborder et situer l’œuvre romanesque de Gautier au sein du romantisme européen. Les exposés réalisés par les élèves serviront d’élargissement.

Étape 8 : Evaluation: Sujet d’expression écrite.

Séquence n° 2 : Mademoiselle de Maupin, roman épistolaire.

Le bicentenaire de la naissance de Théophile Gautier provoque son lot  d’études, de biographies et de rééditions. Parmi celles-ci, nous saluerons l’entreprise originale de l’école des loisirs qui, dans la collection « classiques abrégés », publie Mademoiselle de Maupin à destination des collégiens et lycéens. En effet, il est audacieux d’aborder ce premier roman d’un jeune auteur romantique qui longtemps n’occupa les manuels qu’en raison d’une préface retentissante, brillante et un brin outrancière. 
Les temps changent mais le propos du roman demeure scandaleux : l’héroïne Madeleine de Maupin, se travestit en homme et le fait si bien qu’elle finit par ressentir les désirs d’un homme et susciter même les passions de ses compagnes féminines. Le roman s’achève d'ailleurs de façon bien leste à la manière d’un roman libertin  et Gautier réussit ainsi à tromper toutes les attentes. Le lecteur du XIXe qui connaissait la légende de Madeleine de Maupin, n’aura en guise d’aventures qu’une parodie de cape et d’épée ; les admirateurs de la modernité romantique verront leurs certitudes ébranlés ...

Étape 1 : Lecture analytique de l’ouverture du chapitre IX. Identifier les caractéristiques de l’écriture épistolaire, comprendre le dilemme moral qui assaille le jeune d’Albert et les stratégies qu’il met en place pour le résoudre.
Étape 2 : Lecture analytique d’un extrait du chapitre X. Retrouver les caractéristiques de l’écriture épistolaire, analyser la revendication féministe du roman et les raisons qui poussent l’héroïne à se travestir.
Étape 3 : Langue et expression. Savoir repérer et utiliser les catégories d’énoncés dans un devoir. S’entraîner à l’écriture épistolaire.
Étape 4 : Lecture analytique de l’ouverture du chapitre XIII. Analyser la rhétorique d’une lettre d’amour et notamment l’emphase, dans l’expression des sentiments.
Étape 5 : Vocabulaire . Conformément aux indications des nouvelles I.O., on enrichira le lexique des élèves en se fondant sur les textes proposés à la lecture.
Étape 6 : Lecture synthétique du dénouement. On réinvestira, dans cette dernière séance les notions abordées précédemment et on analysera les spécificités de ce dénouement à la fois ironique et ouvert.
Étape 7 : Evaluation. Sujet d’expression écrite.
Prolongements - Quizz permettant d’évaluer une lecture cursive des chapitres X à XVII.
- Suggestions pour une exploitation de l’œuvre en classes de lycée.


samedi 1 octobre 2011

"Le Livre de la Jungle" de Rudyard Kipling

Kipling a toujours été un de mes écrivains favoris. Idéologiquement suspect, il est plongé dans une sorte de purgatoire dont son génie devrait le tirer bientôt. La séquence qui suit est axée sur l'histoire des arts puisque s'y trouvent analysés. L'Illustration de couverture d'Henry Delaunay et le très bel Album de Mordicai Gerstein, L'Enfant sauvage.

Séquence publiée dans le n°1 de l'Ecole des lettres 2011-2012

Étape 1 : Situation du recueil.À partir du para-texte et des quelques documents complémentaires on amènera les élèves à comprendre ce que doit l’écriture romanesque à l’expérience de son auteur.
Étape 2 : Lecture analytique d’un extrait de la première nouvelle. L’épisode du « sauvetage » de Mowgli par le clan des loups de Seeonee nous permettra d’étudier la technique narrative de Kipling (une focalisation zéro qui multiplie les points de vue subjectifs et autorise le principe de l’« intrusion d’auteur ») et de faire saisir les enjeux du récit.
Étape 3 : Les valeurs du présent dans le récit. À partir d’une observation du texte précédemment étudié et d’une série d’exercices, on fera distinguer et utiliser les valeurs du présent de l’indicatif.
Étape 4 : Lecture synthétique de La Chasse de Kaa. L’étude de la nouvelle permettra d’appréhender
le thème de l’apprentissage, l’une des dimensions essentielles du recueil dont l’ensemble constitue un véritable roman d’apprentissage.
Étape 5 : Entrainement à l’expression écrite.  L’exercice d’écriture proposé aura pour effet de faire réinvestir les notions abordées au début de la séquence : valeurs du présent, narration avec intrusion d’auteur, anecdote à visée didactique.
Étape 6 : Analyse du récit de Hathi dans Comment vint la crainte. La séance aura pour objectif de faire saisir ce qu’est un conte étiologique, elle peut constituer une première approche de ce type de récit que le programme de sixième conduit nécessairement à explorer.
Étape 7 : Lecture d’image, l’illustration de couverture. La séance constitue un prolongement naturel à la précédente et permettra d’intégrer la réflexion sur l’histoire des arts à laquelle convient les nouveaux programmes. « Certains textes appellent un regard sur le travail des illustrateurs », rappellent les IO pour la classe de 6e.
Étape 8 : Analyse de la nouvelle intitulée L’ankus du roi. La nouvelle dont l’histoire se déploie en deux étapes distinctes permettra de définir ce qu’est la dimension initiatique du récit et de montrer en quoi les aspirations de Mowgli s’opposent aux valeurs de la civilisation.
Étape 9 : Étude de l’album de Mordicai Gerstein, L’enfant sauvage. On pourra, pour prolonger la perception que le récit de Kipling a donnée de la confrontation nature culture, proposer la lecture et une brève analyse de l’album de Mordicai Gerstein qui reprend avec talent l’histoire de Victor, l’enfant sauvage de l’Aveyron.
Étape 10 : Le personnage de Mowgli. Après avoir évalué la lecture cursive de l’ensemble du recueil, on interrogera le personnage de Mowgli, son rôle dans les différentes intrigues, les significations qu’il prend dans le contexte d’une jungle métaphorique.

Étape 11 : Évaluation, sujet type D.N.B. conçu plus particulièrement pour une classe de quatrième, en vue d’une initiation aux épreuves de type D.N.B., l’évaluation présentée ici pourra aisément être adaptée au niveau de classe retenu par le professeur.

vendredi 8 juillet 2011

"Quatre soeurs", "Enid" de Malika Ferdjoukh

Séquence destinée aux classes de sixième, publié dans le n° 7-8 de l'Ecole des lettres (juin 2011). La liste de lecture recommandée par le ministère de l'éducation nationale, publiée depuis la parution de cet article recommande la lecture d'Enid pour les classes de cinquième. La séquence proposée est parfaitement adaptable à ce niveau. Le roman de Malika Ferdjoukh, premier volume d'une tétralogie, est une réussite : vivacité de l'intrigue, inventivité verbale, variété des tonalités ponctuées par un humour joyeux... A un lecteur qui déplorait que le roman fût une lecture pour fille, l'auteure devait répondre "C'est un livre pour les filles et... pour les garçons intelligents."

Étape 1 : Étude de texte, ouverture du roman. Avec l’étude de l’ouverture on fera découvrir le procédé de la focalisation interne et on analysera comment se mettent en place un univers, un personnage.
Étape 2 : Expression, rédaction d’une ouverture de roman  La comparaison des quatre ouvertures de roman de la tétralogie permettra d’approfondir la notion de point et d’initier un exercice d’expression écrite.
Étape 3 : Étude de la langue, la phrase non verbale. L’utilisation judicieuse que fait Malika Ferdjoukh des phrases non verbales nous conduira à interroger le statut des ces phrases. Au lieu de nous borner à l’habituel constat qu’une phrase non verbale est une phrase sans verbes nous mettrons en évidence les modalités de ses constructions syntaxiques et son utilité stylistique.
Étape 4 : Étude de texte, le coucher à la Vill’Hervé, p26-29. L’étude de ce texte permettra d’aborder deux des thématiques essentielles du roman : les relations sororales et le surnaturel, ces deux thèmes convergeant vers une thématique plus profonde qui est celle du deuil.
Étape 5 : La construction du personnage, les cinq sœurs d’après les deux premiers chapitres. On se servira des deux premiers chapitres pour montrer que la construction d’un personnage résulte d’un processus complexe qui conduit le lecteur à synthétiser et décrypter de multiples sources
d’informations.
Étape 6 : Étude de texte, la dispute entre Hortense et Bettina, p. 52 à 55. La scène de la dispute permettra de réinvestir un élément déjà étudié au cours de l’année (le schéma narratif), de préciser la notion de scène romanesque et d’analyser le personnage de Colombe qui fait ici sa première apparition.
Étape 7 : La rivalité Colombe / Bettina, fil directeur de l’intrigue. On montrera, au cours de cette séance, en quoi l’opposition Colombe / Bettina constitue l’un des fils essentiels de l’intrigue romanesque. Alors que l’une personnifie tous les défauts de l’adolescence l’autre incarne une forme de perfection, voire un idéal.
Étape 8 : Étude de texte, La résolution d’un mystère, p. 122 à 125. L’analyse du texte permettra de mettre en évidence l’autre fil directeur du récit (la quête de Swift), de montrer que le roman se rattache par certains aspects au genre de l’ « étrange » et d’introduire la double visée initiatique et poétique de l’écriture.
Étape 9 : Analyse de quelques uns des centres d’intérêt majeurs du roman. On proposera quelques pistes d’analyse qui pourront être abordées soit par le biais d’exposés, soit par l’élaboration de questionnaires. L’étude du surnaturel, des dimensions initiatique et poétique du roman, permettront de montrer qu’une œuvre de littérature pour la jeunesse peut s’avérer aussi riche qu’une œuvre de littérature générale.

Evaluation : Sujet d’expression écrite. On proposera la rédaction d’une scène avec pour contrainte grammaticale l’utilisation de phrases non verbales.