Révision

La plupart des articles (traductions exceptées) ont été révisés au cours de l'automne 2014, d'où certains anachronismes au regard de la date de publication.

jeudi 27 novembre 2014

Jérusalem en Dalécarlie de Selma Lagerlöf

"Parmi ces femmes de grand talent ou de génie, aucune ne se situe plus haut à mon sens que Selma Lagerlöf. Elle est en tout cas la seule qui s'élève constamment au niveau de l'épopée et du mythe". (Marguerite Yourcenar)
Voilà un jugement qu'on n'attendait sans doute pas de notre académicienne envers une romancière qui semble un peu perdue dans les limbes d'une notoriété désuète. Et pourtant...
Lire Selma Lagerlöf c'est faire une expérience à nulle autre comparable : la psychologie ne l'intéresse pas, l'analyse sociale pas davantage, l'aventure tourne souvent court et le récit s'emballe en des directions incongrues qui défient les lois du réalisme.
Je dois au Kamo de Pennac d'avoir découvert, cette formidable épopée du pasteur amoral qu'est Gösta Berling. Jérusalem en Dalécarlie est un roman de la même veine. On suit, dans une petite communauté rurale la destinée des Ingmar Ingmarsson, riche famille respectée et le surgissement d'une secte dont les zélateurs menacent traditions et solidarité. L'ouvrage fourmille d'anecdote qui valorisent l'intuition érigée au rang de valeur. Comprise comme un mouvement de nature quasi religieuse qui relie l'être humain à ce qu'il détient de plus profond en lui, elle l'amène à se tourner vers les autres et à agir en être responsable. 

dimanche 23 novembre 2014

A propos des notes

Les notes sont donc à proscrire, on leur reproche d'être violentes, d'instaurer des classements, d'être subjectives... J'ai dû - pas vraiment volontairement - classer les dits reproches par ordre d'importance.

Violentes, il y aurait une violence du système scolaire. Le système scolaire est un système, il a donc ses lois, comme la société. Enlever des points sur un permis de conduire, c'est une violence, exiger d'un employé qu'il soit à l'heure au travail, c'est une violence... C'est à l'enseignant de renseigner l'élève sur la valeur de sa note, qui premièrement vient évaluer une production, pas l'élève lui même mais ce qu'il a fait. Il vaut d'ailleurs mieux évaluer une production qu'une compétence - ce qui ne veut rien dire, j'y reviendrai plus tard - et il n'y a rien de vraiment dramatique à avoir (non pas être) un zéro en orthographe. Moi qui ai eu cette note de façon constante pendant des années, je m'en suis remis. Les notes ne sont pas une violence, elle sont un mode de fonctionnement qu'il faut savoir dédramatiser, si tant est qu'il le soit.

Les classements : il s'agit moins de classer que de différencier. Le problème du système scolaire, c'est qu'il est scolaire, c'est à dire qu'il porte sur des disciplines scolaires pour lesquelles tout le monde n'a pas une grande affection. Il y a certainement à repenser son organisation. ce serait effectivement bien de valoriser, à l'école les élèves qui n'ont pas ces affinités avec les maths ou le français. on conviendra toutefois que ce système n'est pas complètement idiot puisque sans ces deux disciplines, on a du mal à pouvoir aborder les autres mais rien n'interdit de diversifier le champ des disciplines et d'introduire sous forme optionnelle des pratiques plus concrètes, c'est un choix sociétal, l'issue d'une réflexion qui devrait engager tous les acteurs du système éducatif. Mais quand je mets 6/20 à une expression écrite de troisième, je n'ai pas pour intention d'écarter l'élève de l'enseignement général, s'il le désire. Je l'alerte, nous avons ensemble du travail à faire pour que son désir prenne corps et réalité.

Subjectivité : bien sûr. C'est sans doute le reproche le plus fondé et je sais depuis toujours que je suis capable de noter 6 une copie que je noterais 8 si on me demandait de la recorriger deux mois plus tard. Je sais ce qu'est la docimologie. Je constate par ailleurs que de bons élèves - qui sont relativement bien notés - sont incapables d'affronter les rigueurs d'une première année de médecine et que des élèves que le système a mal notés franchissent ce cap sans problème. Mystères de la psyché humaine que les sciences cognitives, humaines et autres n'éclaireront jamais. Parce que la détermination, la volonté de réussir procèdent de l'intime. Parce que dans la subjectivité réside notre liberté. Et qu'au fond être subjectif c'est être imparfait mais compétent. Demandez à un robot de corriger une expression écrite.  


mercredi 12 novembre 2014

"Le Passeur" et "Le Fils" de Lois Lowry

Si Le Passeur est devenu un classique de la littérature pour la jeunesse aux États-Unis, c’est sans doute parce qu’il autorise, avec de jeunes lecteurs, une réflexion sur la condition humaine. En effet, la société qui y est décrite est une variation sur Le Meilleur des mondes, d’Aldous Huxley. 
Mais, dans la « communauté » imaginée par Lois Lowry, le degré de coercition est tel que nul ne songe à s’évader, sans doute parce qu’on a su y instaurer, sur le principe du bouc émissaire, un détenteur de la condition humaine, qui en prend sur lui le fardeau, quand les autres membres de la société choisissent de vivre dans l’illusion d’un monde parfait. Ce bouc émissaire, c’est le « dépositaire de la Mémoire », le « passeur » qui donne son titre au roman.

n°2, 2014-2015 : http://www.ecoledeslettres.fr/index.php



mardi 11 novembre 2014

Harry Potter à l'école de la philosophie

Harry Potter a déjà fait couler beaucoup d’encre. Je ne songe pas aux milliers d’articles qui lui ont été consacrés dans la presse mais seulement aux commentaires, plus ou moins heureux, qu’il a suscités.
Le premier essai notable aura été celui d’Isabelle Smadja, Harry Potter, les raisons d’un succès. L’auteure passait aux cribles de la philosophie, de la psychanalyse et de la sociologie les quatre premiers volumes de la série. Isabelle Cani, dans Harry Potter ou l’anti Peter Pan, se livrait à une comparaison astucieuse entre les deux personnages éponymes, montrant que Peter Pan préfigurait le culte de l’éternelle jeunesse qui agite notre époque tandis qu’Harry Potter, après un long cheminement vers l’âge adulte, en assumait pleinement les contraintes et les valeurs.
L’essai de Marianne Chaillan, Harry Potter à l’école de la philosophie, publié dernièrement chez Ellipses, confirme en partie la thèse d’Isabelle Cani et démontre une nouvelle fois, si besoin en était, la richesse d’une œuvre qui, tout en s’inscrivant pleinement dans notre temps, a su intégrer de façon ludique les héritages philosophiques et culturels de la civilisation occidentale.


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