Bill Bryson rapporte que
la première référence connue au théâtre du Globe (le fameux théâtre de
Shakespeare) est due à une lettre d’un jeune touriste suisse, Thomas Platter, qui
affirme s’être agréablement diverti au spectacle d’un
Jules César « joué de manière fort plaisante ». La pièce
qui n’est pas la plus connue des tragédies de Shakespeare en France, passe pour
un modèle de réflexion politique aux États-Unis où elle est régulièrement
étudiée. François Laroque, lui, souligne le caractère paradoxal de la pièce
dont le héros-titre disparait très tôt et montre qu’elle offre au spectateur ou
au lecteur un « sommet dans l’art de persuader » se référant au
discours d’Antoine qui parvient à retourner une foule. On voit ainsi pour quoi la tragédie offre un support idéal
pour guider une réflexion sur l’autorité de la parole ‑ qu’il s’agisse d’une
parole privée ou le poète de Stratford laisse entrevoir les grandeurs et
petitesse des gouvernants ou de discours politiques tantôt sincère, tantôt manipulateurs
mais essentiels au déroulement de l’intrigue. Les enjeux politiques de la pièce
(le maintien ou non de la république romaine après la mort de César) font échos
aux temps troublés que Shakespeare lui-même connut : Paul Bacquet montre
que complots et agissements souterrains menaçaient de toute part la fin du
règne d’Elisabeth première. La pièce n’a cependant rien perdu de son actualité
et une mise en scène de 2017 au
Public
Theater de New York qui remplaçait la figure de César par celle de Trump a
créé une vive polémique. La séquence qui suit interrogera donc la notion d’autorité
de la parole et ses fondements, il conviendra, avant de la mettre en œuvre,
d’avoir abordé, d’un point de vue méthodologique, les questions de réflexion et
d’interprétation dans le cadre d’un groupement de texte consacré à l’art de la
parole qui aura permis de faire assimiler les grands principes de la rhétorique
classique.
Objet d’étude : Les pouvoirs de la parole
- L’art de la parole (séances 2 et 3)
- L’autorité de la parole (séances 1, 2, 3 et 4)
Support : Jules César (traduction de F.-V. Hugo,
in Titus Andronicus / Jules César / Antoine et Cléopâtre / Coriolan, GF, 1965)
Bibliographie
À lire
Lionel Bellenger, La Persuasion, « Que
sais-je ? », PUF, 1996 ;
Paul Bacquet, Le Jules César de Shakespeare, SEDES, 1974 ;
François Laroque, Dictionnaire amoureux de Shakespeare,
Plon, 2016 ;
Bill Bryson, Shakespeare : Antibiographie, Payot, 2016 ;
Stephen Greenblatt, Tyrans. Shakespeare raconte le XXe siècle,
Saint-Simon, 2019.
À consulter
« Jules César »
ou le désir impossible de pureté de l’acte politique, émission de France
Culture : https://www.franceculture.fr/emissions/les-nouveaux-chemins-de-la-connaissance/les-pieces-romaines-de-shakespeare-14-jules-cesar#:~:text
Julius Caesar (Jules César) mis en scène par
Arthur Nauzyciel
https://www.t-n-b.fr/media/tnb/183565-julius_caesar_fiche_pedagogique_2_.pdf
Le Julius Caesar en anglais sur Wikisource : https://en.wikisource.org/wiki/The_Tragedy_of_Julius_Caesar_(unsourced_edition)
La séquence sur
https://nrp-lycee.nathan.fr/?s=Jules+C%C3%A9sar+Shakespeare