Révision

La plupart des articles (traductions exceptées) ont été révisés au cours de l'automne 2014, d'où certains anachronismes au regard de la date de publication.

vendredi 11 octobre 2024

Briony May Smith redonne le sourire aux Brontë


 « Les gens ont tendance à penser que les enfants Brontë ont eu une vie triste et lugubre », constate, assez justement Sara O’Leary, scénariste de l’album Au pays des histoires. L’enfance de Charlotte, Branwell, Emily et Anne Brontë. Mais ils pensent aussi que, « pendant les années où ils vivaient ensemble et où ils laissaient libre cours à leur imagination, leur enfance semble avoir été heureuse ». La page de couverture donne le ton : les quatre enfants Brontë, au cœur de la grisaille des paysages de lande qui ont inspiré Les Hauts de Hurlevent, sous un ciel chargé de nuages bas, ont le sourire, un rayon de soleil éclaire leurs visages rêveurs et animés. L’image reprend la composition du fameux tableau à la colonne de Branwell : Anne rêve, Emily est absorbée dans sa lecture, Charlotte, plume à la main, retranscrit, sous le regard attentif de Branwell, les idées romanesques que suscite l’émulation des quatre imaginations réunies.

La première double page montre Anne et Charlotte à travers l’une des fenêtres du presbytère d’Haworth, où elles ont grandi, en train de confectionner un petit livre. Charlotte écrit pour sa petite sœur. De façon symbolique, la maison qui occupe la page de droite dévore une partie de la page précédente, laquelle laisse entrevoir le même paysage de lande que sur la couverture. Le monde de l’intériorité symbolisé par la maison prend ainsi le pas sur le monde extérieur. Sur la page suivante, Anne ouvre le petit livre confectionné par Charlotte, et les motifs de l’histoire, des parents qui voyagent, une petite fille et un château, s’impriment sur la tapisserie, à l’arrière-plan. Les frontières entre l’imaginaire et le réel apparaissent ainsi poreuses, le monde de l’imagination en vient à s’inscrire dans le réel.

L’animation l’emporte sur les ténèbres

Le scénario n’occulte pas les drames vécus par la famille Brontë. Une double page saisit en plongée la famille réunie autour d’une table : sur la page de gauche, le père et les quatre enfants sont en train de dîner, à droite, l’autre moitié de la table et trois chaises vides rappellent que la mère et les deux sœurs aînées (Maria et Elizabeth) sont mortes prématurément, « si bien que la maison a été baignée de tristesse pendant de longues années », précise la narratrice.

Les mots du texte sont inscrits sur la partie droite de la table, comme sur une pierre tombale, et la page de droite semble envahie par l’obscurité. La vie et la mort se font face sur cette double page qui n’a cependant rien de sinistre. Le pasteur Brontë préside une table où l’animation des enfants l’emporte sur les ténèbres.

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