Révision

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dimanche 16 août 2009

Les Religieux du mont Saint-Gothard

"Des religieux donnent des secours à une famille que des brigands ont dépouillée dans la montagne". Tel est le commentaire donné par le peintre à cette toile commandée par Charles X et exposée en 1824. Hersent n'est certes pas un révolutionnaire de la peinture, élève de David, il conserve un certain académisme classique, la composition est impeccable, le trait gommé pour donner tout le réalisme possible à la scène. C'est donc chez lui le sujet qui tire vers le romantisme. C'est à lui qu'on doit une autre scène romantique fameuse : les funérailles d'Atala reposant étendue dans les bras de Chactas. Et ce n'est sans doute pas un hasard si le peintre s'est plu à illustrer Atala, Chateaubriand faisant, lui aussi la jonction entre classicisme et romantisme.
Un mot m'est venu à l'esprit en contemplant cette toile au Louvres : "Véhémence". C'est la véhémence romantique que le peintre cherche à rendre. La famille dépouillée par les brigands cumule les déveines, puisqu'à l'arrière plan une avalanche entraîne de puissants blocs de pierre au fond de l'abîme. L'attitude des moines est en harmonie avec les déchaînement de la nature, ils sont sur tous les fronts à la fois, et forment un triangle d'attentions qui cherche à s'opposer au calamités qui s'abattent sur cette malheureuse famille. L'un, le plus jeune tend la main à deux hommes en contrebas menacés par le gouffre, sont-ce les bandits qui les y ont précipités? Le second surveille les progrès de l'avalanche, le troisième apporte les premiers soins à une jeune femme évanouie au milieu de la route, un enfant évanoui repose sur ses jambes, une tache de sang suggère l'agression dont ils viennent d'être les victimes.
Ce troisième est aussi le plus ancien et donc le plus serein, c'est d'ailleurs cette sérénité dans l'urgence qui attire immédiatement l'oeil. Dans ce déchaînement des éléments, le vieil homme est attentif à ce qu'il fait. Il est l'incarnation de cette sagesse chrétienne que le romantisme est en train de ressusciter et mettre en avant contre l'idéal classique.
A gauche, le gouffre, au fond, un ciel curieusement éclairci, une trouée dans les nuages qui donne à voir un morceau de ciel lumineux. La sérénité du moine vient du ciel et contre l'injustice du sort et des éléments, la religion apporte son secours. Génie du christianisme ? Quoiqu'il en soit il est indéniable que la toile traduit les aspirations romantiques, par son lyrisme et la véhémence qu'elle cherche à exposer.

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