He worked by preference in a room without clocks, trusting the light to tell him when the day was finished. In summer, he liked the window open. How then, in summer, did the winter wind enter the room? You are right, he cried out to the wind, this is what I have lacked, this decisiveness and abruptness, this surprise—O, if I could do this I would be a god! And he lay on the cold floor of the watching the wind stirring the pages, mixing the written and unwritten, the end among them.
Louise Glück. Faithful and Virtuous Night, Farrar, Straus & Giroux, 2014.
Un écrivain âgé avait pris l'habitude d'écrire le mot FIN sur un morceau de papier avant de commencer ses histoires, après quoi il entassait un paquet de feuilles, généralement mince en hiver lorsque les jours étaient courts, et comparativement épais en été lorsque sa pensée redevenait mobile, inventive et vaste comme la pensée d'un jeune homme. Quel que soit leur nombre, il posait ces pages blanches sur la dernière, de manière à la dissimuler. Ce n'est qu'alors que l'histoire lui viendrait, pure et raffinée l’hiver, plus déliée en été. Grâce à ce procédé, il était devenu un maître reconnu.
Il travaillait de préférence dans une pièce sans horloge, comptant sur la lumière pour l’avertir lorsque la journée était finie. L’été, il aimait la fenêtre ouverte. Comment dès lors, en plein été, un vent d'hiver est-il entré dans la pièce ? Tu as raison, lança-t-il au vent, c'est ce qui m'a manqué, cette décision et cette brusquerie, cette stupeur - Oh, si j’arrivais à faire ça, je serais un dieu ! Et il reste étendu sur le sol froid de son bureau, à regarder le vent qui remue les pages, et mêlant aux pages écrites, les pages banches, et parmi elles, celle qui porte le mot fin.
trad. S. Labbe
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