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Révision
lundi 26 décembre 2022
samedi 17 décembre 2022
Little Women, roman autobiographique
Le premier volume de Little Women (titre original des Quatre filles du Docteur March) publié en 1868, n’enthousiasmait guère son auteur. Écrit à la demande de Thomas Niles, son éditeur, qui lui réclamait un « livre pour filles », Louisa Alcott a puisé la matière de son livre dans ses souvenirs d’enfance et situé l’univers de son intrigue dans la période récente de la guerre civile. Elle y raconte une année dans la vie d’une famille composée de la mère (surnommée Marmee) et de ses quatre filles (Meg, Jo, Beth et Amy), leurs joies, leurs difficultés, leurs peines, leurs aspirations, leurs craintes, en l’absence du père, le pasteur March qui a choisi d’assister les soldats, en tant qu’aumônier, sur le front. Louisa, habituée à fournir les intrigues tarabiscotées de romans sentimentaux et gothiques aux journaux n’est guère emballée par le résultat. Son éditeur trouve, lui aussi, que l’intrigue manque de relief et de rebondissements.
Vivianne Perret, dans sa biographie de Louisa May Alcott[1], raconte que c’est à la nièce de l’éditeur que nous devrons finalement Les quatre filles du Docteur March. Niles a l’idée de lui faire lire le roman : « Elle adora, mentionne la biographe. En ce qui le concernait, les lectrices étaient les meilleures des critiques. Niles en homme d’affaires perspicace était persuadé qu’il tenait en ses mains la poule aux œufs d’or. »1 L’avenir devait lui donner raison, Little Women fut le plus grand succès de Louisa M. Alcott, un phénomène comparable, pour le XIXe siècle, à celui d’Harry Potter – Pascale Voilley[2] rapporte que pendant « les trente ans qui suivirent la publication de la première partie du roman, l’éditeur Robert Brothers publia en tout 1 727 551 exemplaires des livres d’Alcott », ce qui, pour le XIXe siècle est considérable. Le roman connut des dizaines de tirages, fut adapté en pièce et L.-M. Alcott, qui n’avait jusque là réussi qu’à survivre de sa plume, accomplissait son rêve : donner un train de vie honorable à tous les membres de sa pittoresque famille.
Le roman familial
Le père
Car c’est bien de cette famille dont il est question dans le livre, à commencer par le père Bronson Alcott étrangement absent et devenu par un double mensonge docteur. La préface de Malika Ferdjoukh[3] explique comment le pasteur imaginé par Louisa est devenu docteur sous la plume de P.J. Stahl, le traducteur français (p. 7-8) ; l’anecdote est d’ailleurs passionnante. On pourra en outre se demander pourquoi la fille a choisi de transformer son pédagogue transcendentaliste de père en un pasteur engagé dans les rangs nordistes. Sans doute parce qu’elle nourrissait des sentiments ambivalents à l’égard dudit père.
Suite dans
[1] Vivianne Perret, Louisa May Alcott. La mère des quatre filles du docteur March, 1832-1888, Vuibert, 2014.
[2] Pascale Voilley, Louisa May Alcott, Belin, 2001.
[3] L.M. Alcott, Les quatre filles du docteur March (initialement Les quatre filles du pasteur March), L’école des loisirs, 2009.
[4] Henry A. Beers, Four Americans, Chap. III, “A pilgrim in
Concord”, Yale University Press, 1919.
[5] Henri David Thoreau, Gens de Concord, Le Mot et le Reste, 2021.
[6] Pilgrim’s Progess, (Le Voyage du pèlerin), est un ouvrage allégorique de Bunyan (1628-1688) qui a profondément influencé la foi protestante aux Etats-Unis, voir à ce sujet notre séquence, « Les Quatre filles du pasteur March de Louisa May Alcott », in L’École des lettres, n° 7-8, 2010-2011.
mercredi 14 décembre 2022
samedi 3 décembre 2022
"The night wind" d'Emily Brontë
A cloudless moon shone through
The open parlour window
And rose trees wet with dew –
I sat in silent musing -
The soft wind waved my hair
I told me heaven was glorious
And sleeping earth was fair -
I needed not its breathing
To bring such thoughts to me
But still it whispered lowly
How dark the woods will be ! -
The thick leaves in my murmur
Are rustling like a dream
And all their myriad voices
Instinct with spirit seem
I said go gently singer
Thy wooing voice is kind
But do not think its music
Has power to reach my mind
Play with the scented flower
The young tree's supple bough
And leave my human feelings
In their own course to flow
The wanderer would not leave me
Its kiss grew warmer still
Oh come it sighed so sweetly
I'll win thee 'gainst thy will
Have we not been from childhood friends?
Have I not loved thee long?
As long as though has't loved the night
Whose silence wakes my song
And when thy heart is laid at rest
Beneath the church yard stone
I shall have time no more to mourn
And thou to be alone
Par une langoureuse nuit d’été,
La lune d'un ciel sans nuage brillait
Par la fenêtre ouverte du salon
Et les rosiers humides de rosée –
Assise, je songeais en silence –
Le vent qui jouait dans mes cheveux
Me révélait la splendeur des cieux
Et la beauté de la terre assoupie –
Il ne m’était nul besoin de son souffle
Pour cultiver de telles réflexions
Mais doucement, il murmurait encore :
« Combien les bois vont s’assombrir -
« Les feuillages épais sous mes murmures
Se mettent à bruire comme en un rêve
Et les myriades de leurs voix semblent
Révéler les instincts d’une âme »
J’ai dit « va-t-en gentil chanteur
Ta voix enjôleuse est charmante
Mais ne va pas croire que sa musique
Ait le pouvoir de gagner mon esprit -
« Joue avec la fleur aux mille senteurs,
Avec les branches de l’arbre juvénile –
Et laisse mon humanité
Suivre le cours de ses sentiments. »
Le vagabond ne m’aurait pas quittée
Son baiser s’est fait plus pressant encore
Oh viens soupirait-il si gentiment
Que tu le veuilles ou non tu sera mienne
Ne sommes nous pas amis depuis l’enfance ?
Ne t’ai-je pas aimée tout ce temps ?
D’aussi longtemps que tu aimes la nuit
Dont le silence éveille ma chanson
Et quand ton cœur résidant au repos,
Sous la lame près de l’église
J’aurais tout le temps de me plaindre
Et toi de goûter ta solitude.