Révision

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vendredi 22 décembre 2023

Pauline Voyage, un album de Marie Desplechin


Avec Pauline voyage, Marie Desplechin et François Roca livrent au jeune lecteur un album malin et drôle, ils exploitent avec subtilité et humour le point de vue d’une enfant qui ne comprend pas tous les enjeux de l’aventure qu’elle va vivre. Ces quinze jours qui vont la conduire au Spitzberg sur un paquebot de luxe des années trente sont aussi un petit roman d’initiation qui permettent à la jeune héroïne de s’ouvrir au monde et aux autres.

 

Un récit d’aventures

Le voyage commence mal pour Pauline qui constate, au bout de quelques, jours que sa « seule activité distrayante » aura été « de vomir ». Il faut dire que la situation initiale de notre histoire est marquées par les déceptions : Pauline voulait partir en voyage avec son père or voilà que ce dernier l’a expédiée en croisière avec une certaine Nathalie Petrakov dont elle est obligée de partager la « cabine ridicule ».

« Je suis bien malheureuse, écrit Pauline. Nous ne sommes que deux enfants, le prince Baudouin qui n’a que cinq ans et moi. » L’âge du prince permet d’ailleurs de situer l’intrigue en 1935 puisque le jeune Baudouin de Belgique, futur roi des Belges, est né en 1930. Les indices qui signalent la progression du journal de Pauline inscrivent donc l’action entre la fin du mois de juin (Pauline commence à écrire quelque jours après son départ) et le 15 juillet date de son retour. Or la reine Astrid (la mère du prince) devait mourir quelques semaines plus tard, victime d’un accident de voiture, non loin de Küssnacht en Suisse.

Le bateau qui transporte Pauline et les passagers a par ailleurs été baptisé le Reine Astrid, il y a donc dans ce Voyage de Pauline quelque chose qui relève du destin en marche, de l’aventure au sens premier du terme (l’étymologie adventura signifiant ce qui doit arriver). Cette croisière de luxe où tout le monde, stimulé par la reine, se montre « fou de politesse » témoigne des derniers feus d’un monde policé qui bientôt sombrera dans la guerre.

Mais pour Pauline l’essentiel, au début de cette histoire, est de tromper l’ennui et de montrer à son père toute l’amertume qu’elle éprouve à son égard. C’est son père qui lui a demandé de tenir un journal, la petite hésite d’ailleurs, le journal prenant, la plus souvent, la forme de lettres pleines d’acrimonie. « J’étais tellement fâchée contre vous que je n’ai rien écrit les premiers jours. »

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