Etrange tableau que cet anonyme du XVIe siècle, attribué, selon les conservateurs du Louvres, à un artiste flamand. L'oeuvre condense les épisodes de l'histoire de Loth (Genèse, XIX, 30-38). Un feu céleste s'abbat, sur la ville située à l'arrière plan. Il s'agit évidemment de la ville de Sodome dont Loth a vainement tenté d'obtenir la grâce auprès du Seigneur. Plus loin, à l'horizon, une autre ville semble subir le même sort (Gomorrhe?) Le tableau instaure d'ailleurs un système d'échos qui semble le structurer en profondeur. Deux plaies, déchirent le ciel, deux villes subissent les affres de la destruction, on voir deux amphores à terre et deux tentes à l'arrière plan, deux villes, deux ensembles architecturaux, séparés par un rocher coiffent la montagne. L'arbre dont le tronc se ramifie en deux branches (tiens! tiens!) scinde en deux parties le tableau qui semblent signifier les deux moments du voyage de Loth, l'avant et l'après de cette halte. Il ne semble donc pas déraisonnable de penser que les trois personnages suivis d'un âne, lui même suivi d'un quatrième personnage et qui figurent sur le ponton représentent Loth, ses filles et sa femme au moment où ils sortent de la ville. Nous savons que la femme, se retournant, sera changée en statue de sel. Ce qui amène les filles à concevoir le plan machiavélique auquel le peintre nous les montre, se livrant. Elles enivrent leur père avant de coucher avec lui. La symbolique du rouge, rattaché à la sexualité prend donc ici toute sa signification traditionnelle. La tente où se consumera le forfait est rouge et scindée, du fait de l'ouverture centrale, en deux parties (les deux filles). Chacune d'elles est vêtue de rouge : la coiffe de l'aînée, à droite, est rouge et ses bras semblent s'enflammer; la cadette est vêtue d'une robe rouge et clairement complice de l'aînée. La jambe de Loth (symbolisme transparent) est rouge aussi. Le symbolisme binaire omniprésent renvoie donc à ce double forfait et à la double lignée qui en ressortira (Les Amonites et les Moabites) : l'arbre qui se scinde est en quelque sorte un arbre généalogique qui symboliquement met en avant les consséquence de l'inceste, d'un seul tronc naissent deux branches et deux civilisations (les deux ensembles architecturaux).
La véhémence des éléments, l'agressivité des couleurs signalent habilement l'atmosphère de fin du monde qui règne sur le paysage, les troués de feu dans le ciel, très schématiquement dessinée renvoient au sexe féminin et inscrivent dans le paysage la fatalité du pêcher auquel Loth doit se livrer. A noter que, comme dans la Bible, l'inceste n'est pas condmné, il est même générateur de vie. Il semblerait qu'incapable de se regénérer dans la mutiplicité des échanges sexuels, l'humanité soit condamné à revivre l'inceste initial (celui des fils d'Adam et Eve) pour retrouver le sens de sa destinée. Etrange histoire aussi, que celle de Loth et de ses filles.
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