Fontenelle dont les Entretiens sur la pluralité des mondes entrent au programme de première, pour les épreuves anticipées du bac de français 2026, est sans doute, malgré sa longévité exceptionnelle, l’une des figures les plus méconnues de la littérature française. Comment expliquer l’impression curieuse, qui ressort de la lecture des copieuses biographies que lui a consacrées Alain Niderst[1], d’avoir côtoyé, un esprit brillant et complexe sans être parvenu jamais à entrer dans l’intimité de l’homme ? En cent ans d’existence, pas un voyage, pas une liaison passionnée et, si l’on excepte son engagement résolu, du côté des modernes dans la fameuse querelle qui devait embraser la France littéraire, il est difficile de cerner véritablement ses engagements idéologiques, on le soupçonne souvent de libertinage, son anticléricalisme semble patent lorsqu’on lit son Histoire des oracles[2] et pourtant, il demeurera toujours proche des jésuites qui lui ont dispensé son éducation. Il y a donc bien un mystère Fontenelle dont toutes les notices biographiques soulignent la propension aux mondanités mais qui fut avant tout un travailleur solitaire acharné.
Le neveu des frères
Corneille
Fontenelle est le fils d’un avocat obscur et de Marthe Corneille, la sœur des dramaturges, Pierre et Thomas. Alain Niderst1 évoque, à son sujet, un « mariage sans éclat » ; Marthe, lorsqu’elle se marie a vingt six ans et on la considère comme une vieille fille. Guillaume Le Bovier de Fontenelle, âgé de tente-sept ans, est déjà veuf et n’a mené jusqu’alors qu’une carrière bien obscure. Il semble que Fontenelle (note auteur) n’ait jamais eu une grande considération pour son père puisque, d’après l’abbé Trublet[3], il allait jusqu’à le considérer comme « une bête » et ne retenait de son géniteur qu’une perpétuelle « humeur fâcheuse ».
Le jeune Bernard fait ses études au collège des jésuites de Rouen, enchaîne en préparant une licence de droit, sans doute poussé par son grumeleux de père mais ne plaide qu’une seule fois avant de céder à l’appel de son oncle Thomas qui le fait venir à Paris.
https://www.ecoledeslettres.fr/fiches-pdf/fontenelle-ou-la-voie-de-la-modern/
[1] Alain Niderst, Fontenelle à la recherche de lui-même, Éditions A.-G. Nizet, 1972 et Fontenelle, Plon, 1991.
[2] Fontenelle, Histoire des oracles et autres textes, 10-18, 1966.

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