Poser son autorité est sans doute le problème premier qui se pose à tout jeune professeur. Trop? Pas assez? Si la seconde option est souvent la plus fréquente, la première fut la mienne, j'en demande pardon à tous les élèves qui ont eu à souffrir de mon autoritarisme.
Autoritarisme n'est pas autorité.
Une lecture que j'ai faite, il y a quelques années m'a beaucoup éclairé, à ce sujet. Il s'agissait d'Avoir ou être(1) d'Erich Fromm. Fromm y distinguait l'autorité rationnelle de l'autorité irrationnelle, expliquant que la première tire son fondement de l'acte éducatif lui même qui unit en une même direction le professeur et l'élève.
Le professeur tire son autorité du simple fait que l'élève cherche à apprendre. Ne dit-on pas d'une personne qualifiée qu'elle fait autorité, ou qu'elle est une autorité? La première démarche du professeur qui cherche à imposer son autorité visera donc a prouver qu'il oeuvre (et de ce fait qu'il en est capable) à "élever" l'esprit de son élève. Le conseil prioritaire que je donnai il y a quelques années à un jeune collègue qui peinait à imposer son autorité fut de préparer sérieusement ses cours.
On impose ensuite son autorité par la parole, et pour prouver sa rationalité, on n'aura pas peur de rappeler pourquoi nous avons besoin de calme, de silence ou d'attention. C'est dans se pourquoi justifié par la nature particulière de l'effort intellectuel que réside la rationalité de notre autorité. Quant à l'autorité irrationnelle que Fromm décrit aussi très bien, elle procède de l'avantage acquis, parfois même de l'abus de pouvoir et fait immanquablement de mauvais professeurs.
1. Autrefois disponible en poche chez Marabout, l'ouvrage est aujourd'hui édité chez Robert Laffont.
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