Révision

La plupart des articles (traductions exceptées) ont été révisés au cours de l'automne 2014, d'où certains anachronismes au regard de la date de publication.

vendredi 21 novembre 2025

Un parcours, une oeuvre, fiche n° 1 « La poésie, la nature, l’intime » : À l’ombre de l’Orford, d’Alfred DesRocher


Nouvelle chronique pour accompagner les élèves de première dans leur préparation du bac de français : proposition de lecture cursive et d’explication linéaire. Pour commencer, une œuvre pour illustrer le parcours autour de la poésie d’Hélène Dorion signée par l’un de ses compatriotes. 

Cette nouvelle chronique entend illustrer les parcours associés aux œuvres étudiées, dans le cadre des programmes limitatifs du baccalauréat de français en première, par une proposition de lecture cursive d’où est tirée une explication linéaire. Par expérience, les élèves qui présentent à l’oral une œuvre dont ils ont étudié un extrait font preuve d’une meilleure maîtrise de leur sujet. 
1/  Les grandes lignes de la poésie québécoise 
2/ Alfred DesRochers
3/ A l'ombre de l'Orford
4/ Lecture linéaire du poème liminaire

lundi 3 novembre 2025

Redécouvrir Kathleen Raine grâce à la réédition de Sur un rivage désert

De façon assez inattendue, les Collected Poems de la poétesse et écrivaine britannique tombent au programme de l’agrégation d’anglais 2026, et son recueil Sur un rivage désert est réédité ainsi que des textes publiés il y a plus de quarante ans. Sa voix appelle l’espoir et sa poésie n’a de cesse de scruter le rapport intime de l’être à la nature.

En 1978, paraissaient deux recueils de poèmes de Kathleen Raine, Isis errante (une anthologie) et Sur un rivage désert, ouvrage publié cinq ans plus tôt en Angleterre. François-Xavier Jaujard, fondateur des éditions Granit, faisait ainsi entendre pour la première fois en France les vers de cette immense poétesse, alors totalement inconnue. La même année, paraissait chez Stock le premier tome de son autobiographie, Adieu prairies heureuses, qui devait rencontrer un grand succès ; il serait d’ailleurs récompensé, en 1979, par le prix du Meilleur Livre étranger.

https://www.ecoledeslettres.fr/redecouvrir-kathleen-raine-grace-a-la-reedition-de-sur-un-rivage-desert/



jeudi 9 octobre 2025

Adèle Hugo par Laura El Makki

 


Laura El Makki se penche sur les mystères qui enveloppent la vie de la fille de Victor Hugo, musicienne et féministe, de son exil à Jersey jusqu’à son internement au château de Suresnes. Le texte est préfacé par Isabelle Adjani qui l’a incarnée à l’écran.

Pour toute une génération, Adèle Hugo a eu le visage d’isabelle Adjani. Dans L’histoire d’Adèle H., réalisé par François Truffaut en 1975, la comédienne a su à merveille incarner les tourments, la déréliction et la folie de la fille du poète des Contemplations. C’est donc naturellement Isabelle Adjani qui écrit la préface du dernier ouvrage de Laura El Makki, Adèle Hugo, ses écrits, son histoire. L’actrice revient sur ce film monomaniaque où François Truffaut s’attachait à filmer le visage d’une jeune femme qui le fascinait : « Le visage de la fin, conclut-elle, le mien dans le film, celui de la folie et de l’internement, sera d’une pauvreté essentielle, comme une sorte d’état absolu de la chair que plus personne ne pourra, dès lors, ni atteindre, ni abandonner. » Là réside le drame d’Adèle, dans cet abandon qui n’est que le dernier d’une longue série.

Remplacer l’irremplaçable

Adèle Hugo finit-elle dans la folie ou fut-elle, comme bien des jeunes femmes de cette époque troublée, la victime d’une société qui ne pouvait reconnaître le désir féminin ? Les analogies entre la fille du poète et l’héroïne de Victoria Mass[1] sont troublantes : toutes deux communiquent avec les morts, toutes deux entretiennent un lien privilégié avec un frère sensible à leur isolement, toutes deux seront internées, mais là s’arrête la ressemblance. Adèle Hugo fut certes une victime, mais Laura El Makki pose la question autrement : « La folie dont ses contemporains et la postérité l’ont si facilement affublée n’était-elle pas plutôt une forme de mélancolie ou de dépression, nourrie par la dureté d’un exil qui a effacé tout horizon et toute interaction sociale, qui a célébré les absents quand les présents, eux ne demandaient qu’à vivre ? »

https://www.ecoledeslettres.fr/adele-hugo-ses-ecrits-son-histoire-de-laura-el-makki-biographie-illustree/

vendredi 12 septembre 2025

Un portrait de Fontenelle, le discret

Fontenelle dont les Entretiens sur la pluralité des mondes entrent au programme de première, pour les épreuves anticipées du bac de français 2026, est sans doute, malgré sa longévité exceptionnelle, l’une des figures les plus méconnues de la littérature française. Comment expliquer l’impression curieuse, qui ressort de la lecture des copieuses biographies que lui a consacrées Alain Niderst[1], d’avoir côtoyé, un esprit brillant et complexe sans être parvenu jamais à entrer dans l’intimité de l’homme ? En cent ans d’existence, pas un voyage, pas une liaison passionnée et, si l’on excepte son engagement résolu, du côté des modernes dans la fameuse querelle qui devait embraser la France littéraire, il est difficile de cerner véritablement ses engagements idéologiques, on le soupçonne souvent de libertinage, son anticléricalisme semble patent lorsqu’on lit son Histoire des oracles[2] et pourtant, il demeurera toujours proche des jésuites qui lui ont dispensé son éducation. Il y a donc bien un mystère Fontenelle dont toutes les notices biographiques soulignent la propension aux mondanités mais qui fut avant tout un travailleur solitaire acharné.

 

Le neveu des frères Corneille

Fontenelle est le fils d’un avocat obscur et de Marthe Corneille, la sœur des dramaturges, Pierre et Thomas. Alain Niderst1 évoque, à son sujet,  un « mariage sans éclat » ; Marthe, lorsqu’elle se marie a vingt six ans et on la considère comme une vieille fille. Guillaume Le Bovier de Fontenelle, âgé de tente-sept ans, est déjà veuf et n’a mené jusqu’alors qu’une carrière bien obscure. Il semble que Fontenelle (note auteur) n’ait jamais eu une grande considération pour son père puisque, d’après l’abbé Trublet[3], il allait jusqu’à le considérer comme « une bête » et ne retenait de son géniteur qu’une perpétuelle « humeur fâcheuse ».

Le jeune Bernard fait ses études au collège des jésuites de Rouen, enchaîne en préparant une licence de droit, sans doute poussé par son grumeleux de père mais ne plaide qu’une seule fois avant de céder à l’appel de son oncle Thomas qui le fait venir à Paris.

https://www.ecoledeslettres.fr/fiches-pdf/fontenelle-ou-la-voie-de-la-modern/





[1] Alain Niderst, Fontenelle à la recherche de lui-même, Éditions A.-G. Nizet, 1972 et Fontenelle, Plon, 1991.

[2] Fontenelle, Histoire des oracles et autres textes, 10-18, 1966.

[3] L’abbé Trublet fut un ami de Fontenelle, académicien, il est l’auteur de Mémoires pour servir à l'histoire de la vie et des ouvrages de M. de Fontenelle (1759), l’ouvrage est disponible sur books. google.com .

mardi 2 septembre 2025

Pourquoi abréger?


Purquoi abréger ? Toute œuvre est-elle "abrégeable" ?

On abrège pour rendre une œuvre accessible à de jeunes lecteurs. Je crois que personne aujourd’hui n’envisagerait raisonnablement de faire lire Le Comte de Monte Cristo en version intégrale à des élèves de quatrième. Je cite Boris Moissard, qui lui-même citait Florian :

« Après avoir mentionné divers «oublis, plaisanteries répétées et tableaux peu agréables » [sic] commis par Cervantes, qui n’aurait «pas toujours pris la peine de se relire » [re-sic],Florian déclare


: «N’espérant point faire passer dans ma langue les continuelles beautés qui compensent si fort ces taches légères, j’ai cru devoir les affaiblir en supprimant les répétitions et abrégeant les digressions, neuves sans doute lorsqu’elles parurent, mais devenues aujourd’hui communes; enfin, en serrant beaucoup les récits, et suppléant par la rapidité à des ornements que je ne pouvais rendre. Les personnes tolérantes peuvent s’en rapporter à mon amour pour Cervantes de l’extrême attention que j’ai mise à ne retrancher de son ouvrage que ce qui n’aurait pas semblé digne de lui dans le mien

On ne saurait mieux plaider la cause des amputations pratiquées au bénéfice de l’amputé, ni vanter l’irrespect par respect. »

Boris Moissard m’a servi de guide, je vous signale le lien :

https://ecoledeslettres.fr/abreger-le-roman-lirrespect-par-respect/

Comment abrégez-vous ? À quel niveau du texte se font les coupes ? (Phrase, paragraphes, chapitres entiers, descriptions, dialogues…)

J’abrège en coupant des phrases (parfois des propositions), des paragraphes, des répliques de dialogues. Jamais de chapitre, vos questions ultérieures m’amèneront à la dire, mais j’essaie de conserver la littérarité du texte.


Il m’est arrivé aussi de couper plusieurs pages, dans L’île au trésor par exemple, lorsque Jim remonte seul l’Hispaniola vers le nord de l’île, pour le cacher, l’épisode est très long et une ellipse ne pose pas de problème.

 

Comment déterminez-vous ce qu’on peut couper et ce qu’il ne faut pas toucher dans un texte ? 
Je crois qu’il faut avoir repérer les principes structurants ou ce qui fait la littérarité du texte. J’ai fait étudier Jane Eyre en 4e, la version l’école des lettres est inéressantes parce qu’ella a maintenu les scènes où Jane se révolte, à chaque révolte correspond une inflexion dans l’intrigue (son destin change). Le livre de poche jeunesse ne l’a pas fait et c’est bien dommage, le texte perd en intensité dramatique.

 

Comment travaillez-vous avec l’éditeur ?

Tout dépend de l’éditeur, Hachette pour qui j’ai fait deux classiques (Le Peuple de l’abîme et 1984)  ne m’a demandé que très peu de correction, avec Maris Hélène Sabard, pour l'école des lettres, il y a toujours un gros travail de relecture. Pour les Claudine qui vont paraître à l’automne, j’avais beaucoup coupé dans les aparte ou les digressions que fait Claudine narratrice, MHS en a rétablit beaucoup, et elle a bien fait car contrairement à Jane Eyre, l’intérêt littéraire des Claudine tient beaucoup au style.

 

 

Avez-vous remarqué une différence dans le travail d’un éditeur à l’autre ? Les éditeurs vous laissent-ils carte blanche ?

J’ai un peu répondu précédemment, généralement les éditeurs nous font confiance mais peuvent se donner le droit de reprendre le travail.

 

Est-ce la même chose d’abréger un texte écrit en français et une traduction ?


Pratiquement, je n’ai pour ma part travaillé que sur des textes en anglais et je fais alors en sorte d’avoir le texte anglais. Comme on travaille généralement sur des traductions libres de droit, on peut les réviser pour se trouver plus près du texte. Les traductions anciennes prenaient parfois beaucoup de libertés.


Comment travaille-t-on à deux sur une édition abrégée d’un ouvrage de littérature étrangère ? Y a-t-il un dialogue entre le traducteur et l’abrégeur pour déterminer ce qui sera coupé avant d’entamer le travail de traduction ?

Je n’ai vécu cette expérience qu’une fois, j’avais propose à Hachette de prévoir l’arrivée dans le domaine publique d’Orwell. J’ai traduit de mon côté La fermes de animaux et une amie collègue d’anglais s’est attaqué à 1984. Je lui ai confié un exemplaire de 1984 en anglais ou j’avais biffé les passages à ne pas traduire, elle m’envoyait son travail au fur et à mesure et nous constations que la lecture était fluide, ça s’est donc fait assez naturellement.

 

 

Quelle est la part de réécriture dans les abrégés d’un éditeur à l’autre ? Y a-t-il des éditeurs qui acceptent aujourd’hui de faire de la réécriture ?

Il n’y a généralement aucune part de réécriture. A mes yeux ce qui fait l’intérêt des classiques abrégés, c’est justement de confronter des élèves de collèges ou lycée à une écriture littéraire.

Le seul que j’ai entièrement réécrit, c’est le Gilgamesh mais pour lequel il n’y avait pas de version ado. J’ai pris les deux éditions scientifiques alors disponibles (Tournay et Bottéro) plus une édition anglaise, celle de R. Thompson. J’ai bâti un scénario à partir des trois, en respectant le contenu des tablettes connues et me suis mis à écrire en respectant la tonalité répétitive du texte. Mais comme dans les deux versions françaises, je constatais que l’utilisation des temps du passé était incohérente, j’ai chois le présent de narration, ce qui a donné un résultat plutôt poétique. Mais ce texte mis à part, je ne réécris jamais.

 

Y a-t-il une part de censure dans les abrégés ? Coupez-vous ce qui peut choquer un jeune dans une version abrégée ?

Non pas de censure, ce que je parfois je regrette, plusieurs collègues m’ont dit avoir renoncé à Gilgamesh en 6e à


cause de la scène de sexe de la première partie où Enkidu reçoit son humanité d’une prostituée. Mais non, un texte patrimonial  est un texte patrimonial et je suis certain que le petit côté pervers de Claudine va choquer beaucoup d’élèves – surtout devant leur professeur.

 

Y a-t-il eu un changement dans la réception des classiques abrégés ? Pourquoi à votre avis ?

Pas vraiment.

Il y a toujours des puristes qui refusent par principe l’abrégé. Leur utilisation est néanmoins largement admise en collège. Par contre elle est systématiquement proscrite en lycée. Ce qui ce conçoit, les modes d’approche du texte étant très différents. J’autorise néanmoins les abrégés au lycée quand il s’agit de lectures cursives, peu de lycéens sont à même de lire de façon autonome Notre Dame de Paris, par exemple. J’ai aussi recommandé aux élèves qui ne parvenaient pas à lire La peau de chagrin de recourir au livre de poche jeunesse pour se faire une idée d’ensemble de l’intrigue. Mais pour les passages à présenter au bac nous avons évidemment recours à des textes non coupés.

 

Quelle est la réception des classiques abrégés en classe ? Comment travaillez-vous en classe sur un classique abrégé ? Jusqu'à quel point les élèves sont-ils autonomes ? Comment l’enseignant choisit-il l’édition à adopter en classe ?

Tout dépend, généralement, si l’abrégé est respectueux, je le traite comme un texte non abrégé. Mais je peux aussi le compléter par des photocopies. Dans la première séquence que j’ai réalisée pour la revue l’école des lettres, je trouvais qu’il était intéressant de montrer la dimension symbolique du décor dans Jane Eyre (celle de la « chambre rouge » dans laquelle l'héroïne est enfermée au début du roman). Comme elle avait été coupée, je l’ai donnée à lire, ce qui a été l’occasion de montrer justement en quoi consistait le travail de l’abrègement mais aussi en quoi il pouvait appauvrir le texte. L’abrégé lu en collège peut être une invitation à relire l’intégral plus tard. J’ai eu le plaisir de constater que des élèves qui avaient lu Jane Eyre en abrégé en 4e le reprenaient en version intégrale au lycée.

 

Pourquoi choisir de travailler sur un classique abrégé plutôt qu’une édition plus scolaire ?

Un abrégé est un livre, une édition scolaire est un manuel. Utiliser l’abrégé c’est tenter de faire passer le plaisir de la lecture avant l’étude. J’aurais tendance à préférer les abrégés pour le roman. Au bonheur des dames en abrégé est plus agréable à lire qu’une édition scolaire qui comporte des coupures, des questions, etc. et qui rappelle à l’élève qu’il est davantage élève que lecteur. Maintenant, au lycée, les éditions scolaires sont parfois nécessaires. Les élèves de premières qui vont devoir aborder les Entretiens sur la pluralité des mondes de Fontenelle auront besoin des notes et de l’appareil pédagogique pour entrer dans le texte.


https://classiques.ecoledesloisirs.fr/passeur/Stephane-Labbe

jeudi 3 juillet 2025

La littérature a-t-elle pour vocation d’éduquer à la sensibilité ? Sujet d'HLP 2025

 Pour Condorcet, l’éducation première devrait consister à éveiller la compassion envers les animaux ou les humains. Le développement de la sensibilité entraînerait la sollicitude et garantirait de l’égoïsme et de l’indifférence envers autrui ? Mais comment éduquer à la sensibilité ? Si les éducations intellectuelle et morale semblent aller de soi, l’éducation à la sensibilité est plus problématique. Faut-il, dès lors, envisager les disciplines artistiques et la littérature en particulier comme des vecteurs privilégiés de cette éducation ? La littérature aurait-elle vocation à éduquer la sensibilité ? Sans doute faut-il se poser la question de savoir si la littérature a « vocation » à éduquer, avant de questionner son rapport à la sensibilité et de voir enfin en quoi la littérature interroge particulièrement la sensibilité ?

I. La littérature doit-elle être utilitaire ?

La littérature a-t-elle « vocation à » quelque chose ? Cette question traverse toute son histoire. Si les Romantiques au XIXe reconnaissent à la littérature une fonction politique et sociale – on sait les engagements de Victor Hugo contre le travail des enfants, la peine de mort, la tyrannie –, les Parnassiens dans la deuxième moitié du XIXe leur opposent une doctrine de l’art pour l’art. Celle-ci a été inspirée en partie par Théophile Gautier qui écrivait, dans sa préface à Mademoiselle de Maupin : « Il n’y a de vraiment beau que ce qui ne peut servir à rien…. »



mercredi 18 juin 2025

Et si on relisait Selma Lagerlöff?

 Deux article sur Selma Lagerlof dans ce numéro de Juiller-Aout dans le premier, je livre un portrait de la trop oubliée Selma Lagerlöf (pourtant prix Nobel de littérature 1909), en orientant la réflexion sur le motif de la marginalité dans ses princpaux romans - je songe évidemment aux collègues de première qui étudient ce thème dans le cadre du parcours accompagnant l'tude de Manon Lescaut.

Dans le second j'unterroge le motif hautement symbolique de la métamorphose dans Nils Holgersson.

https://www.ecoledeslettres.fr/fiches-pdf/selma-lagerlof-et-la-celebration-des-marginaux/

https://www.ecoledeslettres.fr/fiches-pdf/nils-holgersson-rapetisser-prendre-de-la-hauteur-shumaniser/




mercredi 21 mai 2025

La vie tumultueuse de Mary W.

 


La Vie tumultueuse de Mary W. est un roman de Samantha Silva, publié en 2021. L’autrice américaine, dans un entretien disponible en ligne et réalisé pour le Lone Star College-Kingwood, explique qu’elle a voulu retracer la vie de Mary Wollstonecraft, l’une des pionnières du féminisme en Angleterre dont elle estime qu’elle est trop méconnue dans son pays.

Son roman est passionnant : elle choisit comme point de départ la naissance de la future Mary Shelley (Mary Wollstonecraft est la mère de Mary Shelley) et la rencontre entre son héroïne et Madame Blenkinsop, une vieille sage-femme. Elle fait alors alterner les deux points de vue, celui de Madame Blenkinsop qui va assister aux derniers jours de Mary, et celui de Mary qui s’adresse à son bébé pour lui raconter sa vie et ses combats.

Le point de vue de Madame Blenkinsop est intéressant : c’est celui d’une vieille femme qui a mis au monde des centaines d’enfants, mais qui n’en a jamais eu elle-même et, de façon assez inexplicable, elle se sent attirée par cette patiente qui a un enfant tard, à trente-huit ans. La sage-femme est séduite par l’atmosphère qui règne dans la maison, pleine de livres et de manuscrits commencés, et d’encriers. Elle est sensible aussi à la lucidité de Mary Wollstonecraft qui prend le contrepied de bien des idées reçues et se montre convaincante quand il s’agit de les justifier. On a l’impression que Madame Blenkinsop symbolise toutes les femmes qui vont recevoir l’héritage de Mary Wollstonecraft.

https://www.ecoledeslettres.fr/epreuve-orale-du-bac-de-francais-la-vie-tumultueuse-de-mary-w/


vendredi 16 mai 2025

Otto de Tomi Ungerer

  


Parmi les compétences à cultiver, les programmes du cycle 4 nous invitent à faire « Lire et comprendre des images fixes ou mobiles variées » en s’appuyant sur des « outils d’analyse simples ». La lecture de l’album, souvent négligée en collège, permet d’exercer ces compétences d’observation et d’analyse liées à l’image. L’album de Tomi Ungerer, Otto qui rapporte, sous formes de mémoires fictives l’odyssée d’un ours en peluche conviendra particulièrement aux classes de sixième ou cinquième. Il permet d’aborder les objets d’études « Avec autrui, amis, familles réseaux » en cinquième ou de questionner la notion d’héroïsme puisque notre ourson devient malgré lui un héros. En sixième on pourra mettre l’accent sur la dimension aventureuse du récit, Otto, comme Ulysse cherche à retrouver son foyer, et finit par le retrouver. La séquence visera en outre à situer l’œuvre dans son contexte et à développer des compétences d’écriture variées.

Séance 1. Tomi Ungerer imagine l’autobiographie d’un ours en peluche

Séances 2 : Les familles d’Otto6

 Séance 3 : Entraînement à l’expression

 Séance 4 : Otto, le héros, p. 16-23

Séance 5 : La voix passive

Séance 6 : L’ami retrouvé, ou la fin d’une longue odyssée

Evaluation : expression écrite

https://nrp-college.nathan.fr/sequences/otto-de-tomi-ungerer/


mardi 6 mai 2025

Feurbach et le fanatisme

 Question de réflexion littéraire : « Le doute, ce principe de liberté scientifique, doit me paraître un crime », écrit Feuerbach à propos de la religion. Pensez-vous, qu’à l’inverse, la littérature ait pour vocation de cultiver le doute ?

Erreur dans la présentation : les questions de réflexions et d'interprétation onté éte inversée.



lundi 17 mars 2025

Le parcours fulgurant d’Isabelle Adjani au Français


7 mai 1973, Isabelle Adjani apparaît, sur la scène de la Comédie Française, dans le rôle d’Agnès de L’École des femmes ; 30 juillet 1974, la jeune actrice quitte le Français pour se lancer dans l’aventure cinématographique. Si l’on compte les quelques représentations qu’elle a assurées du rôle de Mariane dans L’Avare, l’actrice de dix-huit ans est restée un peu plus de quatorze mois à la Comédie Française, quatorze mois qui devaient l’imposer comme une artiste incontournable du paysage culturel français. Comment expliquer cette fulgurance et surtout ce retentissement qu’imprimera l’actrice dans la mémoire collective ? Sans doute, en ce début des années 70 symbolise-t-elle une trajectoire de réussite exemplaire, sans doute aussi incarne-t-elle une série de rôles emblématiques qui, après l’explosion de 68, traduisent une aspiration à vivre autrement que dans les perspectives imposées par une société patriarcale qui a malgré tout bien résisté, sans doute enfin parce qu’elle fait partie de ces rares comédiennes capables d’élever l’interprétation au rang d’art total et qu’elle manifeste une aspiration fondamentale à une forme d’idéalisme romantique.

https://www.ecoledeslettres.fr/fiches-pdf/le-parcours-fulgurant-disabelle-adjani-au-francais/


De l’autre côté du pont de Padma Venkatraman, séquence niveau cinquième


De l’autre côté du pont
de Padma Venkatraman est un excellent roman jeunesse qui permettra d’aborder deux des thématiques du programme de cinquième : « Avec autrui, familles, amis, réseaux » et « Le voyage et l’aventure ; pourquoi aller vers l’inconnu ? ». Le roman retrace le périple tragique de deux sœurs dans l’Inde contemporaine. Notre séquence vise à développer la maîtrise de l’écrit ainsi que certaines  des compétences orales :

-  Exprimer ses sensations, ses sentiments, formuler un avis personnel à propos d’une œuvre ou d’une situation en visant à faire partager son point de vue

 - Formulation de jugements de gout, révisables lors de la confrontation avec les pairs ou le professeur.

- Mobiliser les connaissances orthographiques, syntaxiques et lexicales en rédaction de texte dans des contextes variés.

Séance 1 : Entrer dans l’œuvre

Séance 2 : Texte 1 : p. 21 22

Séance 3 : Gagner son pain, pp. 91-93

Séance 4 : La fonction complément d’objet

Séance 5 : Expression, le récit de Viji p. 135.

Séance 6 Orthographe, dictée p. 148

Séance 7 : Faire famille

Séance 8 : Chapitre « Ce qu’il reste », p. 228-229


https://www.ecoledeslettres.fr/fiches-pdf/de-lautre-cote-du-pont-de-padma-venkatraman-a-toi-ma-soeur/

 

vendredi 21 février 2025

On ne badine pas avec l’amour : du proverbe à une nouvelle forme de tragique

Publiée en 1834, dans un recueil intitulé Spectacles dans un fauteuil, la pièce de Musset, On ne badine
pas avec l’amour[1], paraît en plein période romantique.  L’auteur livre dans la même édition Lorenzaccio, sans doute le meilleur drame romantique de la période ; il serait néanmoins difficile de qualifier On ne badine pas avec l’amour de drame dans la mesure où Musset choisit de l’inscrire dans la filiation d’un genre qu’il connait depuis son enfance, le proverbe. Destinée à la lecture, la pièce de Musset est devenue l’une des plus jouées du répertoire français. Outre ses qualités dramatiques indéniables, la pièce rappelle par sa tonalité poétique l’œuvre de Shakespeare et Musset, malgré son statut un peu marginal dans le combat romantique pour l’avènement d’un théâtre libéré des règles classiques, est celui qui, sur le fond, se rapproche sans doute le plus du modèle shakespearien dont Hugo fait l’apologie aussi bien dans sa mythique préface de Cromwell (1827) que dans son William Shakespeare de 1865. L’œuvre est associée, dans les nouveaux programmes à un parcours intitulé « les jeux du cœur et de la parole ». Aussi avons-nous privilégié, dans cette séquence, les extraits qui mettent en évidence cette double dimension d’une parole qui joue avec les sentiments, et qui, tout en se jouant de l’autre, se constitue en spectacle. Nos trois lectures linéaires destinées à l’oral du bac explorent cette permanence du jeu dans l’exercice de la parole amoureuse qui détourne les personnages de leurs véritables sentiments ; ces derniers n’accédant à la vérité qu’au moment du dénouement qui, par son pathétique précipité, les condamne à la séparation et au silence. Nous avons en outre choisi d’interroger le genre de la pièce en analysant le premier acte et mis l’accent sur le personnage de Rosette, victime sacrificielle de la pièce qui lui donne sa coloration tragique, nous finissons avec une proposition de dissertation tirée d’une réflexion de Musset, lequel interrogeait dans un article de 1838 la nature du tragique moderne.

Séance 1 : Situation de la pièce

 Séance 2 : Lecture linéaire d’un extrait de la scène 3 de l’acte I, p. 34-35.

 Séance 3 : La question du genre à travers l’acte I

 Séance 4 : Lecture linéaire d’un extrait de la scène 3 de l’acte III, Perdican fait la cour à Rosette

 Séance 5 : Le rôle de Rosette dans la pièce

 Séance 5 : Le dénouement, lecture linéaire des dernières répliques de la scène 8  de l’acte III.

 Séance 6 : Entrainement à la dissertation : Musset théoricien du tragique

https://www.ecoledeslettres.fr/fiches-pdf/on-ne-badine-pas-avec-lamour-du-proverbe-a-une-nouvelle-forme-de-tragique/

 



[1] On ne badine pas avec l’amour d’Alfred de Musset, édition de Florian Pennanech, « Classique et Cie », Hatier, 2024.

vendredi 14 février 2025

Les Sept Maisons d’Anna Freud, d’Isabelle Pandazopoulos : au nom de la fille

 Dans un roman en prisme, Isabelle Pandazopoulos ressuscite la figure énigmatique d’Anna Freud, un personnage loin de la dogmatique héritière que l’histoire de la psychanalyse a trop souvent mise en avant et pionnière de la clinique des enfants.

Une image d’Épinal fait d’Anna Freud la gardienne du temple de son père Sigmund Freud, la continuatrice, celle qui, arc-boutée sur les dogmes paternels, se serait battue bec et ongles pour sacraliser son œuvre. Le père de la psychanalyse l’avait surnommée son « Antigone », et une photo bien connue, prise dans les Dolomites en 1913 et la montrant à son bras, semble lui donner raison.

https://www.ecoledeslettres.fr/les-sept-maisons-danna-freud-disabelle-pandazopoulos-au-nom-de-la-fille/





mercredi 12 février 2025

Le Château de mes sœurs. Des Brontë aux Kardashian, enquêtes sur les fratries féminines, de Blanche Leridon : le pouvoir des sœurs


 Avec Le Château de mes sœurs, Blanche Leridon se livre à une enquête passionnante qui explore la puissance des sœurs par le biais d’une démarche dialectique, couvrant l’actualité, la littérature et le cinéma, des plus pertinentes.

L’enquête intitulée Le Château de mes sœurs relève de l’essai dans la mesure où Blanche Leridon admet ancrer ses origines dans un vécu personnel. Cette essayiste, directrice du think tank libéral Institut Montaigne, est la cadette d’une sororie de trois filles. Elle explique, dès le début de son ouvrage, que les sœurs Halliwell, trois sorcières héroïnes de la série Charmed, diffusée en France sur M6 de 1998 à 2006, ont enclenché « un tournant dans l’itinéraire de construction que nous menions (inconsciemment) mes sœurs et moi. »

L’image de cette sororie – terme plus approprié que fratrie – contrastait fort avec celle de la comtesse de Ségur par exemple ou de Laura Ingalls Wilder, dont les mémoires ont inspiré La Petite Maison dans la prairie, autre série mémorable. Les trois sœurs de Charmed forment un trio uni, qui ne prend toute sa puissance que lorsqu’il est réuni et parvient ainsi à combattre toutes sortes de forces obscures et malveillantes. C’est à ce pouvoir des sœurs, qui peut s’exercer dans bien des domaines, autres que celui de la démonologie, que Blanche Leridon rend hommage.


https://www.ecoledeslettres.fr/le-chateau-de-mes-soeurs-des-bronte-aux-kardashian-enquetes-sur-les-fratries-feminines-de-blanche-leridon-le-pouvoir-des-soeurs/

jeudi 16 janvier 2025

Audace et préjugés d'Alexis Karlins-Marchat

Jane Austen, Charlotte Brontë, Virginia Woolf, quatre oeuvres clés de la littérature qui sont autant d'étapes dans l'affirmation d'une pensée féministe, c'est ce que montre Alexis Karklins Marchat qui éclaire de façon particulièrement judicieuse ce parcours au coeur de la littérature anglaise. (article disponible en accès libre sur le site de l'école des l'École des lettres :

https://www.ecoledeslettres.fr/audace-prejuges-relecture-de-chefs-doeuvre-feministes/