Octavia est la mieux traitée des filles Zinn par notre infernale narratrice; pétrie de morale chrétienne et d'abnégation, elle est l'idéal incarné par les filles March dans le roman de Louisa. Résignée à devenir vieille fille s'il le faut, elle finit par épouser un pasteur vieillissant, héritier d'une fortune ancestrale et dont la respectabilité alimente les commentaires bienveillants de notre narratrice.
Malgré "l'épreuve laborieuse" que constitue "l'acte conjugal", Octavia aura trois enfants de son pasteur. L'aîné surnommé Petit Godfrey suscite les éloges de notre narratrice, suspicion donc ! L'enfant est robuste, expansif, plein de vitalité, court, crie, a tendance à brutaliser objets et animaux mais séduit, aux dires de notre conteuse, tout le monde. La suspicion s'accroît lorsque la narratrice mentionne les "farces insignifiantes" impliquant chiots, rats et poussin, l'enfant est même accusé d'avoir disséqué le chien d'un domestique mais rien n'est sûr et puis quelle importance? Il est si charmant, si prometteur. La naissance de sa petite soeur le rend colérique, mais n'est-ce pas naturel? Il l'adore d'ailleurs cette petite soeur Sarah et déploie toute sa vitalité pour la distraire, imitant toutes sortes d'animaux, criant et cherchant sans cesse à la prendre dans ses bras.
"Le matin ou la petite Sarah fut retrouvée morte dans son joli berceau d'osier blanc, aucun présage n'annonçait de malheur aux chrétiens éclairés." Octavia aura juste rêvé que son fils était une créature démoniaque mais quel crédit le "chrétien éclairé" doit-il accorder aux rêves? Curieusement, c'est petit Godfrey qui trouvera le cadavre de sa petite soeur avec laquelle il est resté seul un certain temps dans sa chambre, et personne ne saura jamais donner d'explication à ce décès subit.
Les faits démontrent avec certitude que petit Godfrey est un monstre mais le discours du narrateur minimise les atrocités commises par l'enfant et ne cesse de proclamer sa gentillesse, N'est-il pas le fils du respectable pasteur Rumford? La romancière lui réservera un sort atroce dont le lecteur ne peut s'empêcher d'estimer qu'il l'a mérité. De façon tout a fait inexplicable, le singe apprivoisé de son grand père, Pip, se saisit de l'enfant et se précipite avec lui dans un puits où tous deux trouvent la mort. Le lecteur n'a nul peine a imaginé que le singe martyrisé s'est vengé mais pour la narratrice les faits sont inexplicables.
Octavia aura de nouveau un garçon de son infatigable pasteur dont les pratiques sexuelles sado-masochistes échappent à notre narratrice qui n'y voient que fantaisies, avant de mourir grotesquement dans les bras de sa femme.
Joyce Carol Oates fait du narrateur une composante essentielle à l'élaboration du sens, son aveuglement, ses préjugés sont essentiels, et créent une suspicion généralisée qui fait le sel du roman. Il y a, derrière ce narrateur un autre metteur en scène qui prend plaisir un plaisir manifeste à violenter ces valeurs rétrogrades et nous ne révélerons pas le devenir des quatre autres soeurs, sachons seulement que le personnage de l'aînée (Constance Philippa) qui apparaît peu dans le roman connaît un destin étonnant qui est à la fois une dénonciation de la condition féminine au XIXe et un programme révolutionnaire burlesque et parodique des plus réjouissant. Espérons donc que l'éditeur prenne la décision de rediffuser ce roman qui par son imagination, son humour et sa densité fait penser aux meilleurs John Irving.
Malgré "l'épreuve laborieuse" que constitue "l'acte conjugal", Octavia aura trois enfants de son pasteur. L'aîné surnommé Petit Godfrey suscite les éloges de notre narratrice, suspicion donc ! L'enfant est robuste, expansif, plein de vitalité, court, crie, a tendance à brutaliser objets et animaux mais séduit, aux dires de notre conteuse, tout le monde. La suspicion s'accroît lorsque la narratrice mentionne les "farces insignifiantes" impliquant chiots, rats et poussin, l'enfant est même accusé d'avoir disséqué le chien d'un domestique mais rien n'est sûr et puis quelle importance? Il est si charmant, si prometteur. La naissance de sa petite soeur le rend colérique, mais n'est-ce pas naturel? Il l'adore d'ailleurs cette petite soeur Sarah et déploie toute sa vitalité pour la distraire, imitant toutes sortes d'animaux, criant et cherchant sans cesse à la prendre dans ses bras.
"Le matin ou la petite Sarah fut retrouvée morte dans son joli berceau d'osier blanc, aucun présage n'annonçait de malheur aux chrétiens éclairés." Octavia aura juste rêvé que son fils était une créature démoniaque mais quel crédit le "chrétien éclairé" doit-il accorder aux rêves? Curieusement, c'est petit Godfrey qui trouvera le cadavre de sa petite soeur avec laquelle il est resté seul un certain temps dans sa chambre, et personne ne saura jamais donner d'explication à ce décès subit.
Les faits démontrent avec certitude que petit Godfrey est un monstre mais le discours du narrateur minimise les atrocités commises par l'enfant et ne cesse de proclamer sa gentillesse, N'est-il pas le fils du respectable pasteur Rumford? La romancière lui réservera un sort atroce dont le lecteur ne peut s'empêcher d'estimer qu'il l'a mérité. De façon tout a fait inexplicable, le singe apprivoisé de son grand père, Pip, se saisit de l'enfant et se précipite avec lui dans un puits où tous deux trouvent la mort. Le lecteur n'a nul peine a imaginé que le singe martyrisé s'est vengé mais pour la narratrice les faits sont inexplicables.
Octavia aura de nouveau un garçon de son infatigable pasteur dont les pratiques sexuelles sado-masochistes échappent à notre narratrice qui n'y voient que fantaisies, avant de mourir grotesquement dans les bras de sa femme.
Joyce Carol Oates fait du narrateur une composante essentielle à l'élaboration du sens, son aveuglement, ses préjugés sont essentiels, et créent une suspicion généralisée qui fait le sel du roman. Il y a, derrière ce narrateur un autre metteur en scène qui prend plaisir un plaisir manifeste à violenter ces valeurs rétrogrades et nous ne révélerons pas le devenir des quatre autres soeurs, sachons seulement que le personnage de l'aînée (Constance Philippa) qui apparaît peu dans le roman connaît un destin étonnant qui est à la fois une dénonciation de la condition féminine au XIXe et un programme révolutionnaire burlesque et parodique des plus réjouissant. Espérons donc que l'éditeur prenne la décision de rediffuser ce roman qui par son imagination, son humour et sa densité fait penser aux meilleurs John Irving.
1 commentaire:
Avez-vous finalement composé ce dossier ? J'ai découvert il y a peu ce classique, et serai ravie de vous lire ! En effet je me suis aussi demandé ce qui faisait l'engouement pour ce livre. Par ailleurs, la traduction française de Vieilhomme-Calais ne me semble pas toujours pertinente ; qu'en pensez-vous ?
Je vous donne mon adresse e-mail : elly_blazer@hotmail.fr
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