Quel étrange objet littéraire que cette Aquarica de Benoît Sokal et François Schuiten ! Melville, Stevenson, Rider Hagard, Lovecraft et Morpurgo semblent s’y être donné rendez-vous pour livrer au lecteur spectateur une bande dessinée envoûtante et inoubliable.
Le scénario s’ouvre sur l’improbable échouage d’un crustacé géant sur les rives de la petite commune de Roodhaven. L’animal a aggloméré dans ses chairs divers matériaux dont les débris d’un bateau de pêcheurs roodhaveniens disparu trente ans plus tôt.
Entre le jeune chercheur John Greyford qui veut protéger l’animal et les villageois, c’est bientôt la guerre. La tension croissante évoquée dans les premières planches rappelle l’efficacité narrative de Stevenson. Chaque planche est en outre conçue avec une maîtrise impeccable, on admirera les plans larges et écrasés (pp. 26-28) qui évoquent l’univers borné des pêcheurs plus sensibles à la violence de leurs ressentiments qu’à l’immensité marine dont le crustacé n’est au fond qu’un témoignage.
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